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‘’Histoire cachée’’ : Il y a 136 ans, le 17 janvier 1877, Sidya Diop fut jugé, condamné par un tribunal colonial et déporté au Gabon.

Lundi 15 Janvier 2018

Il y a 136 ans, le 17 janvier 1877, Sidya Diop fût jugé, condamné par un tribunal colonial et déporté au Gabon. Il y a lieu de s’insurger contre des ‘’ historiens malfrats’’, qui tentent de falsifier notre histoire par l’occultation et l’ensevelissement des œuvres de nos grands patriotes. Grand patriote, Sidya Diop dit Sidya Léon Diop, fait partie de ces figures historiques sénégalaises, africaines que d’aucuns ont tenté d’effacer de la mémoire collective, leurs œuvres.



Nous disons ‘’histoire cachée’’, en ce sens, qu’à travers le Sénégal, aucune rue, aucune infrastructure, aucun programme d’histoire ne porte le nom de ce grand résistant. Il ne s’agit pas de faire l’histoire pour l’histoire, ni de ‘’stigmatiser l’histoire’’. Il est question d’amener les uns et les autres à comprendre le comportement subliminal de Sidya Diop, de notre passé, pour mieux agir sur notre présent et notre futur. En son temps, ‘’le poète-historien’’ était plutôt préoccupé à familiariser les Sénégalais à ses propres ‘’héros’’, en ignorant royalement Sidya Diop. Contrairement à nos compatriotes historiens , tels que : El Hadji Amadou Sèye, Boubacar Mansour Aw, Mbenda Ndiaye Cissé, Amadou Amady Diop, Mamadou Gaye, Moussa Guèye, Papa Aldiouma Fall etc. 

D’ailleurs, à partir de leurs études, une remarquable synthèse a été réalisée dans Wikipédia (1), sur ce grand disparu : ‘’ Sidya Diop était le fils de la reine Ndaté Yalla Mbodji et du Béthio (Gouverneur du Walo occidental) Sakoura Diop. Il fut, au même titre que Lat Dior, El Hadji Oumar Tall ou Alboury Ndiaye, l'un des plus grands résistants contre la colonisation au Sénégal, plus particulièrement au Waalo. Malgré cela, il est beaucoup moins connu que les autres résistants contre la colonisation au Sénégal. 

‘’ Sidya Diop naquit à Nder en 1848, où eut lieu le mardi 7 mars 1820, le grand suicide collectif des femmes de Nder, auquel sa grand-mère, Fatim Yamar Khouryaye Mbodj, a participé. Il naît deux ans après l'accès au trône de sa mère en 1846, à la mort de Ndjeumbeut. Sidya Diop appartenait à la lignée maternelle des Tédyek. ‘’ À l'âge de dix ans, Sidya Diop devenait l'héritier du trône au Waalo, mais, trop jeune pour régner, il fut écarté par les Français, et c'est le prince Loggar Fara Peinda Madiaw Khor Diaw qui sera installé comme Brak. Les partisans pour le règne du jeune Sidya entameront une lutte acharnée contre la décision des Français. 

‘’Entre 1858 et 1859, date à laquelle le Waalo fut entièrement conquis, les Français entament une grande répression, plusieurs villages sont incendiés et plusieurs chefs locaux et résistants qui menaient la guérilla tels que Youga Faly ou Birane Gaye, seront tués ou envoyés en exil au Gabon. Soulignons que les villages de l'île de Dialang ou Dialagne furent brûlés", comme l'atteste la Revue maritime de l'AOF. Birane Gaye était un noble de cette contrée, car étant un Diaadior. 

Un peu plus tard, tandis que le cousin de Sidya Diop, Ndiack Coumba Mbodji, a été désigné chef de canton de Nder par les colons dans le but de calmer les révoltes des partisans de Sidya Diop, celui-ci sera envoyé à Saint-Louis, à l'École des Otages des fils de chef, dans le but de l'assimiler à la culture française. Là-bas, Faidherbe en fit son fils adoptif. Sidya, après avoir été à Alger, au lycée impérial en 1861, revient à Saint-Louis, ou Faidherbe l'inscrit à l'école des Frères. Faidherbe le rebaptisa Sidya Léon Diop. Bon élève, il fut remarqué par son intelligence, son habilité pour les stratégies militaires. 

En effet, il avait été nommé sous-lieutenant en 1868, à l'âge de 20 ans. Installé comme chef de canton à Nder, Sidya se rendit compte de la raison pour laquelle Faidherbe l'avait mis à l'École des otages, dans le but de tuer en lui toute volonté de résistance contre les colons. À partir de cette prise de conscience, il refuse de collecter les impôts, très élevés, auprès des habitants du canton, il organisa une scolarisation en masse au Waalo. 

Il commence également à nouer des liens avec plusieurs résistants de la localité. Mais un jour, les princes du Waalo se réunirent pour une cérémonie royale à Mbilor. Sidya faisant partie de la noblesse, s'y rendit. Arrivé à la cérémonie, le Gueweul Madiartel Dégueune Mbaye (griot) de la cour royale, refusa de chanter les louanges de Sidya Diop, car pour celui-ci, il avait trahi les siens, car assimilé à la culture occidentale et portant des vêtements occidentaux. 

Cet événement réveilla pour toujours Sidya Diop, qui alla à la rivière où les Braks prennent leur bain royal, avant l'investiture. Il se fit tresser sa chevelure à la manière des Tiedos et renonça à jamais à l'administration coloniale française, ainsi qu'a tout ce qui s'y rattache, y compris la langue française. Après cela il fut reconnu par tous ses semblables Brak du Waalo, et fera tout pour libérer son royaume. Il rejoint la lutte de Lat-Dior du Cayor et de Amadou Cheikhou Ba, marabout toucouleur du Fouta. Il organisa, lui et ses Tiedos, une grande insurrection. Alliés à plusieurs résistants, ils combattent de façon très dure les colons. Il réussit à récupérer les provinces annexées. 

Les colons finirent par accepter Sidya Diop comme Chef Supérieur du Waalo, car la lutte était très éprouvante pour les Français. Cet événement permit également d'instaurer une dynamique, et de faciliter la lutte de Lat-Dior, qui était redevenu Damel du Cayor. ‘’Sidya Diop était désormais à la tête d'une puissante armée, reconnue par les colons dans leurs écrits comme puissante et efficace. Seules les villes de Richard-Toll, Dagana et Lampsar refusaient de se soumettre au nouveau Brak, et de rester du côté français. 

Yamar Mbodji, de la famille royale, Diooss organisa avec les Français une campagne contre Sidya Diop, et sont parvenus à organiser un coup d'État contre le Brak Sidya, qui, destitué par la force, se réfugia en Mauritanie auprès de son cousin Ely Ndjombött, roi du Trarza. Au Waalo, les colons reprirent les pillages, les incendies, les exécutions des partisans de Sidya. Du Trarza, Sidya envoya des lettres d'appel à l'aide, à Alboury Ndiaye roi du Djolof, et Lat-Dior, le 23 juin 1875 et le 12 juillet 1875. ‘’Lat-Dior Ngoné Latyr Diop était désormais l'allié des Français, en particulier du colonel Brière de l'Isle. Ensemble ils organiseront la capture de Sidya Diop. 

Lat-Dior répondit à l'appel de Sidya Diop, et lui envoya des troupes à Bangoye, mais il s'agissait en réalité d'un guet-apens. Sidya Diop s'y rendit seul avec son état major. Une fois arrivé, les troupes envoyées par Lat-Dior tuèrent 12 de ses officiers dont le prince loggar Sayoo Yacine Pathé Mbodj capturèrent Sidya, le blessèrent et l'emmenèrent à Saint-Louis chez le gouverneur Valére, c'était le 21 décembre 1876. Trahi par Lat-Dior, Sidya à Saint-Louis sera jugé par un tribunal colonial le 17 janvier 1877. 

En février, il sera déporté au Gabon dans un asile, sur une île nommée Neugé Neugé, en pleine forêt équatoriale, à l'âge de 28 ans. Là-bas, Sidya gagna la sympathie des officiers colons, qui décidèrent de le ramener au Sénégal, sous prétexte qu'il souffrait de maladie mentale. Il embarqua dans un bateau à destination de Dakar, mais une fois arrivé à Dakar, le gouverneur Brière de l'Isle refuse son retour et exige son renvoi immédiat au Gabon. Meurtri, sachant qu'il ne pourra plus retourner au Sénégal, son pays natal, Sidya Ndaté Yalla Diop se suicide en se tirant une balle au cœur, le soir du 26 juin 1877. 

Depuis 1996, le maire de la commune de Dagana ne cesse de demander aux autorités françaises et sénégalaises de procéder au rapatriement de son corps du Gabon au Sénégal’’. Papa Adiouma Fall, dans une tribune du quotidien ‘’Le soleil’’ du Samedi 12 et dimanche 13 octobre 1985, rapporte le télégramme n° 99 du 15 décembre 1875, par lequel Bolignac, commandant à Richard Toll, transmettait la lettre de Lat Dior au Gouverneur de Saint-Louis : Voici le contenu : ‘’Le but de cette lettre est pour vous faire connaitre que Sidya est entre mes mains et je l’ai pris à Gouye Mbeuthe où je suis. 

Si vous le désirez, je vous le rends avec ses sujets qui sont avec lui ou si vous le voulez, je vous le rends tout seul. Si Sidya s’y refuse, je le tuerai et vous porterai la tête et les jambes et je renverrai ses sujets dans le walo ou je ferai comme vous voudrez
’’. 


Sidya était d’origine féodale, mais sa vision patriotique prenait des longueurs sur celles de ses contemporains. Il lui était facile, étant ‘’fils’’ de Faidherbe, de servir comme supplétif au colonialiste et devenir gouverneur du Sénégal, à l’instar du Général Dodds, mulâtre né à Saint-Louis. Car des bacheliers, des sous-lieutenants, en 1868, ça ne courait pas les rues au Sénégal. Mais il a pris le parti d’être à côté de son peuple. 


Cheikh Anta Diop devrait être fier de Sidya, s’il a eu l’opportunité de le ‘’rencontrer’’ dans le cadre de ses recherches. Car il fut un précurseur en défense de nos langues, en renonçant à pratiquer la langue française comme instrument de domination. Donc, son attitude contredit cet adage selon lequel, s’agissant de ceux qui ont failli à leur devoir patriotique: ‘’ ils sont tous les mêmes’’. 


Non le Sénégal a eu de tout temps, d’ardents patriotes qui ont su choisir entre ce qui est bien ou mauvais pour leur peuple. C’est pourquoi nous nous devons, de leur rendre hommage, à la dimension de leurs œuvres. Bien vrai, par la bande, des autorités municipales d’un Département du Waalo avaient, à un moment donné, remis sur le tapis le problème du rapatriement de ses restes mortels, mais c’était de façon purement politicienne qu’autre chose. 


Et dans le quotidien walfadjri du 07 aout 2003, nous n’y avions pas dissimulé nos craintes en son temps. A-t-on entendu reparler de ce dossier par ce Maire (qui disait avoir localisé la tombe de Sidya Diop à Ningué-Ningué, au Gabon), lorsqu’i l a fait son entrée dans le gouvernement de Wade ? 


N’était-il pas plus outillé, à cette époque, de réaliser ‘’Son Projet’’ en tant que Ministre ? Si certains ‘’historiens’’ rechignent de parler de cet officier sénégalais et par voie de conséquence, à le cacher à notre vaillante jeunesse, c’est par ce que l’exemple qu’il symbolise, gène beaucoup d’individus qui ont largué nos valeurs cardinales, hier comme aujourd’hui. 


Dakar le 10 janvier 2013 Ababacar Fall-Barros Ancien Conseiller Municipal Mermoz Sacré Cœur Dakar.


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1.Posté par zoumba Sow le 16/01/2018 13:49 | Alerter
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Merci Barros, Grand merci d'ailleurs.
Je promets de m’intéresser plus activement à la vie de Sidya Diop et qui sait, de la porter sur scène

2.Posté par Fama le 26/06/2019 22:19 (depuis mobile) | Alerter
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Super article. Grand merci.

3.Posté par Tintin le 27/06/2019 11:54 | Alerter
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Tout ceci montre que le sentiment national contre les colons n'était pas tres développé : Yamar Mbodji organise un coup d'état contre lui avec l'aide des Français....Lat Dior lui tend un guet-apens pour le livrer aux Français ......ceci explique peut etre à notre époque le manque de convictions des politiques et leur facilité à transhumer !

4.Posté par Sakhéwar le 28/06/2019 19:27 | Alerter
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Nous attendons ce que les rédacteurs du projet "Histoire Générale du Sénégal" écriront sur Sidiya et sur Faidherbe.
Ce dernier est l'exécuteur de la conquête coloniale du Walo, en février 1855.
C'est lui qui créa ensuite l'École des Otages où Sidiya et Yoro Diaw figurent parmi les premiers élèves-prisonniers. Car un otage est un prisonnier, cela va de soi.
Pour le moment, Faidherbe est debout sur son piédestal, au milieu de la place de Saint-Louis qui porte son nom.
Il y a deux ans, des intempéries avaient fait chuter la statue et Faifherbe s'est retrouvé face contre terre.
Beaucoup de gens y ont vu un symbole : la météo voulait ainsi tourner une page de l'histoire sénégalaise que le pays officiel ne veut surtout pas réviser.
Les autorités municipales de Saint-Louis, et gouvernementales du Sénégal, ont vite fait de remettre Faidherbe debout.
Pourquoi Sidiya est-il l'un des oubliés de l'histoire du Sénégal ?
La réponse est simple : On ne peut pas honorer à la fois Sidiya et Faidherbe. C'est logique.
Il y avait un choix à faire. Il a été fait, jusqu'à une éventuelle révision de l'histoire officielle.

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