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L’ultime message de Saër Boye aux étudiants

Mercredi 13 Août 2014

La mort de l’étudiant Saër Boye en plein mois de Ramadan suscite la douleur et la consternation aussi bien à l’UCAD de Dakar qu’en dehors de ce « sanctuaire de la pensée et de la parole ». Dans un lieu supposé d’acquisition de connaissance et de savoir-faire, les comportements devraient inspirer plus d’un au lieu d’aboutir à des meurtres surtout entre camarades étudiants. L’Université Cheikh Anta Diop dont la devise est « Lux mea lex » a été profondément déshonorée par cet acte ignoble surtout en cette période bénie du mois de Ramadan où la ferveur religieuse et le pardon devraient primer sur certains comportements de défiance et de déviance.
La victime elle-même aurait adressé, de là haut où il a atterri, cette lettre à ses camarades étudiants. C’est son ultime message à ces derniers :


« Mes chers camarades étudiants, je suis désolé de vous quitté si tôt et dans ces circonstances. Je ne savais pas qu’en ce soir, malgré mon envie de faire la rupture du jeûne avec vous, l’ange de la mort m’attendait dans les couloirs serrés du restaurant central. Je viens d’arriver en ce lieu béni, accueilli par les Anges du bonheur pour y faire la rupture du jeûne. J’avoue que Saint Louis, ma ville natale, et mes parents me manquent déjà énormément, de même que mes voisins de chambre ainsi que l’INSEPS.

C’est aussi l’occasion pour moi, de vous adresser ces quelques propos. Chers camarades, le pays compte beaucoup sur vous. Donc essayer d’avoir d’abord un comportement exemplaire. L’université doit être un espace de dialogue et d’échange et non de violence. Dans ce lieu, la force de l’argument doit supplanter l’argument de la force.

Chères camarades, apprenez à être plus responsables dans votre comportement de tous jours surtout si vous êtes au sein du campus social et pédagogique. Respectez les règles et les normes établies. Ne prenez pas l’université comme un lieu de débauche et de libertinage. Il ne doit pas aussi être un lieu d’anarchie et de gabegie. Apprenez à vous aimer et à vous respecter. Restez sages et studieux car « la jeunesse c’est pour apprendre la vertu et la vieillesse c’est pour la pratiquer » nous apprends le penseur français Jean-Jacques Rousseau.

L’Université est un simple pont de passage, vous n’y êtes pas pour vous y éterniser. Des générations sont passées par là avant vous, et d’autres aussi vous succèderont. Mais c’est une étape importante de la construction de votre vie, de la réalisation de votre avenir.
De grâce respecter la queue partout où elle est exigée. On pense être plus malin que les autres en violant cette disposition. Mais c’est parce qu’on est plus irrespectueux qu’on transgresse cette règle. Vous êtes ensemble entre vous et vous avez les mêmes intérêts. Apprenez bien pour acquérir le savoir et obtenir vos diplômes afin de pouvoir servir pleinement la nation sénégalaise. Arrêter les querelles internes, les « casses » et la violence, et aller à la quête de la science et du savoir-faire.

Quant à mon meurtrier, tu pense te fondre dans la nature et dans l’indifférence. Mais je sais que tu souffres énormément. J’ai même peur pour ton état mental car tu portes lourdement et gravement, dans ta conscience, le poids du meurtre que tu as commis en ce mois béni de Ramadan, mois par excellence de la recherche de la Face d’Allah.

Aussi longtemps que tu vivras, aussi longtemps tu souffriras de cet acte ignoble que tu as commis sur ton frère étudiant. Je pense que tu ferais mieux de te déclarer et de te rendre à la justice. Cela allècherait un tout petit peu le poids du meurtre que tu porte lourdement dans ta conscience. Tu es jeune mais je sais que tu as déjà vieilli de problèmes et d’instabilité psychologiques.

Je vais devoir m’arrêter là même si je sentais le besoin de vous écrire. A présent, je suis entrain de me promener dans les jardins du Paradis où coulent des ruisseaux et de profiter de la fraîcheur éternelle de ce lieu promis aux pieux et aux endurants.
Que je garde une pensée pour mes parents et la ville de Saint Louis. Les espoirs déçus, les rêves brisés et les attentes insatisfaits, autant de questionnements que j’ai laissés derrière moi, sont enfin entrain de se réaliser dans le Paradis où je demeure désormais pour l’éternité. Je pense à tous ceux qui m’ont connu suite à mon départ brutal et qui prient pour moi. Qu’ils sachent que moi aussi je prie pour eux !
A Dieu chers camarades! »

Paradisiaquement votre ami, frère, cousin et camarade Saër Boye

Ngor Dieng
Philosophe/Psychologue conseiller au CAOSP de Kaffrine
ngordieng@gmail.com





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1.Posté par babacar thiam le 14/08/2014 10:10
Repose en paix camarade MASSAER , que la terre de MARMIYAL te soit légère.

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