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Classement sans suite : Qui protège le meurtrier de Fallou Sène ?

Lundi 18 Juin 2018

Pour faire éclore la vérité et donner un sentiment de justice à la famille de Fallou Sène et aux étudiants de toutes les universités du Sénégal, les autorités traînent les pieds, nullement préoccupées à traduire en justice l’homme identifié comme étant le tireur dont l’acte a coûté la vie à un étudiant de Lettres modernes à Sanar le 15 mai dernier.

Entre maintien de l’ordre et rétablissement de l’ordre, la situation a été sans doute surévaluée par les artisans, à tous les niveaux de responsabilité, de la bavure des forces de l’ordre qui a coûté la vie à un étudiant qui réclamait un droit, celui de disposer de sa bourse d'études. Pourtant, pour faire coffrer l’ex-colonel Dièye à Bargny, le ministre des Forces armées a fait preuve de «pragmatisme» parce qu’il s’agissait aussi de réduire au silence un «déserteur» devenu très bavard aux yeux de la «grande muette». Sous la pression médiatique, la même «efficacité» sera de mise pour faire arrêter l’agent de sécurité de proximité (Asp) auteur de brutalité physique sur une personne vulnérable, une femme handicapée.

Mais pour le cas du meurtrier de Fallou Sène, le mépris est manifestement servi à toutes ces voix qui s’élèvent depuis lors pour réclamer justice, à savoir l’arrestation de celui qui a sans doute confondu maintien de l’ordre et rétablissement de l’ordre, face à des étudiants armés de pierres. Une confusion d’une telle gravité est une faute lourde impardonnable, inacceptable pour un professionnel du maintien de l’ordre et garant de la sécurité publique.

Pourtant, l’enquête impartiale alors promise par le tombeur de Cheikh Béthio Thioune avait suscité à la fois des salves d’applaudissements et nourri un espoir chez nombre de compatriotes. Mais depuis l’entrée en jeu du procureur de la République du tribunal de grande instance de Dakar devenu le «procureur de Macky» aux yeux de l’opinion, l’affaire fait du surplace et emprunte progressivement les contours d’une autre affaire, l’affaire Bassirou Faye, un meurtre sans meurtrier, non encore élucidé quatre ans après les faits.

L’Etat pense sans doute que les millions de francs de «Jaxal» offerts aux proches de Fallou Sène, les billets de pèlerinage à la Mecque, suffisent à acheter le silence de ces derniers. Et cerise sur le mille-feuille, le «mouroum kor» (charité) consistant à baisser les prix des tickets de restauration universitaire, devrait contribuer, définitivement, à mettre un terme à toute velléité de contestation ou de prolongement de la grève déclenchée depuis le 15 mai dernier, par les étudiants de Saint-Louis, appuyés par le Saes, unanimes à réclamer justice et la fin de l’impunité.

Le chef de l’Etat Macky Sall, en recevant les étudiants au cours d’une audience polémique alors fustigée par leurs camarades de Dakar, s’était engagé à prendre des mesures pour apaiser la colère universitaire. Mais il faut reconnaître que les limogeages du recteur de l’Ugb et du directeur du Crous, des actes forts, s’avèrent être une goutte d’eau dans la houle des revendications des étudiants : l’arrestation du tireur identifié, à elle seule, suffit à garantir le retour immédiat dans les amphis. N'est-ce pas ce que demande l'Etat?

Charité bien ordonné, commence par soi-même. Dès lors, comment réclamer justice au gouvernement italien après le meurtre d’un sénégalais à Corsico (Milan) et dans le même temps, refuser d’élucider ses propres crimes ? Refuser à ses concitoyens une enquête objective et des poursuites pour faire arrêter le meurtrier de Fallou Sène. Car, plus d’un mois après les faits, l’affaire est en passe de devenir un «cold case», classée sans suite, de facto. Parce que la parole du chef de l’Etat peine à être honorée et ses promesses souffrent de ne pas être tenues. Conséquence : l’auteur du crime court toujours comme s’il était protégé au plus haut niveau de l’Etat. Par le chef de l’Etat en personne serait-on tenté de dire. Enfin, justice pour Fallou Sène, c’est maintenant !

Momar Mbaye
SENEWEB


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