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Débaptiser ce faux Bamba. Par Mame Birame WATHIE

Dimanche 18 Février 2018

Le président est l’homme le plus informé de la République, a-t-on tendance à dire. Pour ce qui concerne Macky SALL, si les échos du cocktail nauséabond servi par les robinets ne lui parviennent pas, on ne peut pas en dire autant des décès. Comme si parmi ses conseillers il y avait un croque-mort, le renseignant de la disparition des uns et des autres, Macky SALL, de ce côté-là, est en contact direct avec ce qui se passe. Seulement, être bien informé n’entraîne pas de facto la même réaction.


Macky SALL choisit bien ses morts. Si personne n’a pu apercevoir sa silhouette à Mbour, après le drame du stade Demba DIOP, de même qu’à Ziguinchor, après la tuerie de Boffa, il a été bien chez Me Ousmane NGOM et Aida NDIONGUE, ensuite chez Samuel SARR. Car, s’il y a un Sénégalais qui trouve le moment de la présentation des condoléances assez solennel pour recoller les morceaux les plus éparpillés, c’est bien le président SALL. Et le leader de l’APR, conseillé par on ne sait quel sociologue, en est si sûr qu’il ne cherche même à y mettre la forme. Tout de blanc vêtu, le deuil ne lui inspirant visiblement guère le noir, avec un cortège constitué également de journalistes, Macky SALL jette deux mots au mort, et entonne la rengaine du rabibochage avec le vivant.
 
Mais, pour le dernier coup de Macky, c’est plutôt à celui qui a reçu les condoléances qu’il faut s’en prendre. Si le leader de l’APR trouve que le gouvernement a plus à faire que d’aller présenter les condoléances de la Nation qui n’était même pas informée du décès du vieux Khadim MBAYE, survenu le 9 janvier dernier, que dire du maire de la Médina, Bamba FALL ? Sa funeste mise en scène, tribune avec tapis rouge pour accueillir Mouhamad Boun Abdallah DIONNE et sa grande délégation, a certes dégouté plus d’un Sénégalais, mais demeure moins important que les sornettes que l’édile de la Médina a débitées durant cette cérémonie du 36ème jour.

 
« Monsieur le Premier ministre, nous partageons le même Sénégal. Je suis Socialiste et vous êtes de l’Apr. Mais je veux dire à qui veut l’entendre que le jour où le pays fera appel à moi, je répondrai. Il n’y a pas de confusion entre la politique et l’administration. Les collectivités locales sont des démembrements de l’Etat. Mariè­me FAYE SALL est une sœur qui m’appelle assez souvent. Macky SALL est un homme généreux. Je sais que certains diront que je suis en train de préparer ma transhumance. D’abord, je précise que je suis Socialiste à vie. Mais je ne tairai jamais le bonheur de voir quelqu’un qui me manifeste son estime. Et c’est le cas de Macky SALL qui est un frère, malgré mes attaques contre lui. Quand quelqu’un se déplace pour vous présenter ses condoléances, c’est un geste très fort, d’autant plus que les gens avec qui je partage le parti et la coalition n’ont pas mis le pied ici». Des sornettes certes mais d’une importance grandissime, compte-tenu du pédigrée de Bamba FALL. Considéré comme un fidèle parmi les fidèles de Khalifa SALL, pour avoir également porté le combat de celui-ci dans sa localité et ailleurs, Bamba FALL n’a de cesse tiré sur le régime de Macky SALL. Ne pas cautionner la politique de ce dernier, l’a poussé à s’en prendre à Ousmane Tanor DIENG et à motiver l’éclatement du Parti socialiste.


A l’instar de bien d’autres politiciens, il aurait pu même tenir une conférence de presse, déclarer sa flamme à Macky SALL, faire le lendemain ses bagages et, comme une nouvelle mariée, aller déposer ses balluchons à l’APR, sans susciter une si grande indignation. Mais, si depuis le 9 janvier 2018, date du rappel à Dieu de l’oncle de Bamba FALL, Macky SALL, qui a le registre des pompes funèbres, n’a rien fait, ce n’est pas par hasard. Sa délégation, il l’a envoyée au moment où le procès de Khalifa SALL est à sa dernière ligne droite, avec le très attendu réquisitoire du procureur de la République devant renseigner à suffisance sur le gout de la sauce à laquelle Khalifa SALL va être croqué. Alors qu’au tribunal, les avocats de la défense s’insurgent contre la présence de l’Agent judiciaire de l’Etat dans le procès, Bamba FALL lance haut et fort : «Les collectivités locales sont des démembrements de l’Etat ». Un véritable coup de poignard dans le dos.
 
Mais ce n’est pas qu’à Khalifa SALL que Bamba FALL porte un coup. Il a également fusillé les valeurs qui fondent le Sénégal. Lui qui s’en prenait à la famille SY de Tivaouane fustigeant son silence, a déshabillé l’éthique et pour couvrir la traitrise. Et le comble de l’indélicatesse a été la présentation qu’une certaine presse a faite le lendemain des atermoiements de Bamba FALL. Comment en est-on arrivé à faire le parallélisme entre ce que Bamba FALL envisage de faire et l’exil du fondateur du mouridisme ? Qu’est-ce le départ forcé de Cheikh Ahmadou Bamba au Gabon a à voir avec la transhumance à propos de laquelle Macky SALL, candidat à la présidentielle de 2012, disait : «on ne peut pas continuer à faire la transhumance telle qu’elle se pratique aujourd’hui parce qu’il faut mettre de l’éthique dans tout cela. Il faut que les gens reviennent aux valeurs…». Faire le lien entre les deux, c’est doublement flétrir les Sénégalais. Bamba FALL porte certes le prénom du fondateur du mouridisme et le nom d’un de ses plus loyaux serviteurs, mais les similitudes s’arrêtent là.

Par Mame Birame WATHIE
WALFNET


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