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FASTEF : L’Administration et la fonction publique sénégalaises, dans la nasse ?

Jeudi 5 Décembre 2013

Il y a de quoi se poser cette question, devant les déclarations aussi renversantes qu’absurdes du Ministre de la Fonction publique Mansour Sy, selon lesquelles la FASTEF, entendez son Doyen, serait responsable de la situation anarchique qui existe au niveau de cette structure de formation des professeurs d’enseignement. Il souligne : ‘’ L’Etat lui a demandé la formation de 400 professeurs. A la fin, elle en a formé 1 500. La FASTEF ouvre une filière payante et tous ceux qui ont de l’argent viennent payer’’ (l’As du 02 décembre 2012)

Comment la FASTEF (Faculté des Sciences et Technologies de l'Education et de la Formation, ancienne Ecole Normale Supérieure, (ENS), peut-elle se permettre de passer outre les besoins exprimés par le gouvernement pour former des professeurs dont les postes budgétaires n’ont pas été votés par la loi de finance (le budget annuel) et violer, par voie de conséquence, les dispositions de cette dernière et celles régissant les règles sur la comptabilité publique, notamment le décret 64-400 ?

Ensuite, pourquoi cette situation hybride de filière dite payante, dans une école publique dont la vocation est de former, après concours, des agents appelés à être ‘’nommés dans un emploi permanent et titularisés dans un grade de la hiérarchie’’ ? (art. 1er de la loi 61.33 du 15 juin 1961, portant statut général des fonctionnaires) ? Peut-on admettre une telle filière payante à l’ENA (Ecole Nationale d’Administration, C.F.J (Centre de Formation Judiciaire) au CFPA ‘Centre de Formation et de perfectionnement Administratifs), par exemple ? Comme on est en plein dans la déréglementation, nous verrons certainement un jour, une filière payante, à l’Ecole Nationale de Police.

Maintenant le ministre n’a pas tout dit sur le statut actuel de la FASTEF et d’où elle tient son pouvoir de former les 1.500 professeurs au mépris des besoins réellement exprimés. Il s’est également tu sur les dispositions particulières des statuts du corps des professeurs fixant les conditions de titre en matière de recrutement. Car, pour être nommé dans un corps déterminé de fonctionnaires, il est exigé le diplôme d’une école nationale ou d’une école étrangère dont le titre est admis en équivalence. Et dans le cas d’espèce le diplôme de la FASTEF où on est admis après concours, y donne droit.

Sous ce rapport, en attendant de mettre de l’ordre dans le secteur trouble de l’enseignement et particulièrement au niveau de la FASTEF), nous croyons que le recrutement des 1.500 enseignants s’impose, politiquement et socialement. Politiquement parce que, presque, tous les lycées du pays, les élèves et leurs parents, la nation, ont besoin de ces professeurs. N’est ce pas que ; ‘’ Les problèmes de tout le monde sont des politiques. Les problèmes politiques sont de tout le monde’’. Socialement les enseignants sont des citoyens, des soutiens de famille qui ont le droit d’accéder à l’emploi pour lequel ils ont été formés. D’autant plus que si dysfonctionnement il y a, la responsabilité en incombe au gouvernement.

Nous avions demandé, en vain, aux grands communicateurs de l’Etat, d’honorer le droit à l’information des citoyens sénégalais en faisant publier le budget de l’Etat (appelé loi des finances, actuellement en discussion), sur le Site du gouvernement. Cela pour leur permettre de rendre se compte des chapitres et articles budgétaires inutiles, superflus, générant des dépenses aussi superflus qu’inutiles (donc du gaspillage), qui pouvaient être affectés judicieusement à d’autres services de l’Etat qui en ont plus besoin. D’ailleurs, combien de citoyens ont déjà vu de leur vie, le budget de l’Etat ?

De ces chapitres et articles de dépenses inutiles, on pourrait, tout ou partie, y prélever des montants pour en doter par virement à d’autres chapitres et régler le recrutement des professeurs sans augmenter le budget. L’évaluation annuelle des dépenses salariales et accessoires (abondement et parts contributives) des 1.500 enseignants sur la base 150 000 francs par enseignant donnerait : 1 500 X 150 000 fr. X 12 = 2 700 000 000 fr. Alors, que représente une telle somme, au regard des crédits des fonds politiques de la Présidence ( 10 milliards selon un député) , de l’Assemblée nationale et autres crédits de dépenses votés pour être flambés en (carburant, téléphone, fourniture de bureau, séminaires farnientes-sarabandes, dans des stations balnéaires du pays, etc.) ?

Que dire de ces crédits alloués à de douteuses ‘’Agence de sécurité’’ et Délégation à la ‘’Solidarité’ Nationale, conçues essentiellement pour caser et arroser une clientèle politique.
Cependant, tout ce charivari se comprend, pris dans le contexte de la double exigence du pouvoir à se soumettre aux diktats du ‘’Consensus de Washington’’ (1) et du droit à l’éducation des enfants sénégalais.

Les Etats obéissants, tout en essayant de montrer aux populations qu’ils accordent une importance à l’école, pratiquent plutôt le sabotage. Aujourd’hui ce sabotage est patent. La scolarisation universelle est à terre. Pas de classes, ni de table-bancs, et d’enseignants, en nombre suffisant. Tous ces besoins sont purement et simplement remplacés par de statistiques bidon, portant sur des dangereuses et honteuses classes en huttes de paille, de tables-bancs surchargés de 3 à 4 élèves par banc, des enseignants humiliés taillables et corvéables, transformés en ‘’prestataires de services’’, payés illégalement sur des chapitres de dépenses de matériel, au mépris des dispositions réglementaires.
Assurément, la ‘’déréglementation’’, la déstructuration voire le sabordage de l’administration et de la fonction publique, à laquelle nous avions assisté sous Wade des ‘’Agences et des Contrats spéciaux’’, n’arrivent pas à s’estomper !

Donc, fondamentalement la question n’est pas de recycler un ministre, où son directeur de l’enseignement, tous limités, dans un séminaire, sur la petite côte, pour une maitrise de la bonne gouvernance de l’’Ecole. La question est politique avant d’être technique. Ce qui est à l’ordre du jour, c’est le recouvrement de notre souveraineté politique nous permettant de nous hisser au diapason des aspirations de nos peuples, au plan économique et social.

Dakar le 03 décembre 2013
Ababacar Fall-Barros
Ancien conseiller municipal
Ancien contrôleur de gestion à la
Direction du budget au Ministère des Finances

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(1) selon Emir Sader, le consensus de Washington préconise la discipline fiscale, des taux de change « compétitifs », la libéralisation du commerce, les Investissements étrangers, les privatisations et la déréglementation.


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