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LE WOLOF TOUJOURS MASSACRÉ PAR LES RADIOS ET TÉLÉVISIONS: IGNORANCE OU COMPLAISANCE COUPABLE DES PATRONS DE PRESSE ?

Mercredi 9 Novembre 2011

LE WOLOF TOUJOURS MASSACRÉ PAR LES RADIOS ET TÉLÉVISIONS: IGNORANCE OU COMPLAISANCE COUPABLE DES PATRONS DE PRESSE ?
Au risque d’ennuyer le lecteur en m’insurgeant encore une fois contre le massacre du wolof dans les radios et télévisions du Sénégal, je suis malgré moi, contraint de revenir à la charge, car le mal est toujours là. La répétition étant la base de la pédagogie, je dois à la vérité d’affirmer que la communauté wolof authentique est perpétuellement révoltée par la recrudescence des fautes, des contresens, des non-sens, des fautes d’orthographe et de prononciation en langue wolof que les présentateurs et publicistes n’arrêtnt pas de commettre délibérément avec la complicité ou l’ignorance coupable des patrons de presse et des Directeurs de Radio et Télévision de notre pays.

Ainsi, ces patrons toujours prêts à dénoncer les injustices, les arbitraires et les tares dans notre société, laissent leurs employés violer impunément les dispositions règlementaires s’appliquant aux langues nationales. Du fait de ce grave manquement, nous courons tout droit vers la créolisation du wolof de Kocc Barma Faal, berceau culturel d’une très importante majorité de Sénégalais.
Et pourtant, le Décret N° 2005-992 du 21 octobre 2005, relatif à l’orthographe et la séparation des mots wolof existe bel et bien. Ce texte réglementaire s’impose à tous, en particulier à la presse qui s’est assignée pour noble et salutaire mission, d’éduquer, d’informer et de distraire le peuple.

Dans le rapport de présentation du décret en question, il est stipulé ce qui suit :

« L’objectif de faire des langues nationales sénégalaises des langues de culture et, par la même occasion, de donner plus de moyens et d’efficacité à l’éducation, à la modernité et aux efforts de développement, exige que ces langues soient écrites, introduites dans le système éducatif et utilisées dans la vie officielle et publique.
Depuis les années 60, avec l’adoption concertée des caractères latins pour l’écriture des langues nationales, l’orthographe du wolof et l’alphabétisation dans cette langue ne cessent de s’améliorer.

Le décret n° 85-1232 du 20 novembre 1985 abrogeant et remplaçant le décret 75-1026 du 10 octobre 1975 avait pour objectif d’améliorer davantage les principes et règles d’écriture régissant l’orthographe du wolof. Mais l’état actuel de la recherche et de la pratique sur la langue ne permet plus de se satisfaire des seules dispositions du décret de l’époque.

C’est ainsi qu’à l’occasion de la 29ème Semaine nationale de l’Alphabétisation le décret n° 85-1232 du 20 novembre 1985 a été revu, complété et remis à jour, lors de l’atelier des 7 et 8 septembre 2004, en tenant compte des acquis de la pratique, de la dimension dialectale ainsi que des avancées de la recherche et de la production dans la langue. Telle est l’économie du présent projet de décret ».

Et pourtant en dépit de ces dispositions règlementaires en vigueur, nos présentateurs maison en service dans les radios et télévisions n’arrêtent pas de massacrer le wolof. Ce qu’ils se seraient gardés de faire s’il s’agissait pour eux de parler la langue française qui curieusement, bénéficie de beaucoup plus de respect et de considération de la part de nos présentateurs. Voilà donc que du fait du laisser-aller favorisé par la plupart des patrons de presse et la complaisance du Ministère chargé de l’alphabétisation et des langues nationales le wolof est impitoyablement massacré tout comme les autres langues nationales de notre pays par de médiocres présentateurs qui ne font aucun effort pour consulter auprès de ceux qui parlent bien le wolof ou toute autre langue nationale. À mon avis, le Département chargé de l’alphabétisation a failli à sa mission car il devrait se donner les moyens matériels et humains pour encadrer les radios et télévisions et veiller à l’application des bonnes pratiques linguistiques. En n’agissant pas ainsi, ce Ministère cautionne de facto, la médiocrité dans l’usage des langues nationales.

Je voudrais donner quelques exemples de mauvaise pratique du wolof dans les médias : une chaine de télévision de la place a créé récemment une émission sponsorisée par une marque d’aliment de bétail pour la promotion de l’élevage du mouton. L’émission est dénommée : « xar bii ». Cette expression au lieu de désigner un mouton signifie de par sa transcription et sa prononciation : « cette écuelle en bois». En wolof authentique on aurait dit parlant du mouton : « xar mi » (le mouton) ou « xar mii » (ce mouton). Nous avons attiré l’attention des responsables de cette télévision sur cette faute, mais en vain.

Une autre chaine de télévision de la place transcrit le titre d’une de ses émissions de la manière suivante : « Ataya ». Or, la transcription normale est : « àttaaya » en application des dispositions du décret cité plus haut. Là également les responsables de la Télévision en question ont fait la sourde oreille et ont maintenu la faute.

S’agissant de l’expression « donner rendez-vous » nos fameux présentateurs inventent des expressions les plus fantaisistes du genre : « ñu ngi leen di jox dajé » ou « ñu ngi leen di jox dox dajé ». Or en wolof authentique, les expressions adéquates sont plus simples: « jamm ag jamm » ou « ba beneen bu andee ag dogalu Yalla » ou alors « ñu ngi leen di dig dajé ».

Enfin, une autre expression galvaudée est devenue courante, car imposée par un animateur d’une radio de la place et repris à l’unisson par beaucoup de présentateurs. Il s’agit de l’expression : « ñu ngi leen di jaajëfël ». En wolof, pour dire « merci » à quelqu’un, les expressions usitées sont : « Jërëjëf » ou « maa gi lay gërëm » ou « maa ngi lay sant » ou « maa ngi lay gërëm di la sant » ou « am nga jaaraama » ou alors «cant ag ngërëm ñeel nala ».

Je voudrais terminer en adressant mes chaleureux compliments à la communauté Mankagne du Sénégal qui est en train de tout faire pour protéger et promouvoir sa langue. Elle a prévu de traduire la Bible en Mankagne. C’est tout simplement formidable !

Moumar GUEYE
Écrivain
E-mail : moumar@orange.sn


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