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Le Président Macky Sall : ce locataire qui refuse de rendre ses clés de son logement au terme de son contrat avec son peuple

Mardi 27 Février 2024

En 2012, Macky Sall reçut les clés du palais présidentiel des mains de son prédécesseur, Président Abdoulaye Wade, qui accepta sa défaite de l’élection présidentielle et le félicita. Après seulement 12 ans à la tête du Sénégal, le Président Wade s’éloigna du pouvoir malgré sa tentative avortée de modification de la constitution pour briguer un troisième mandat. Face à un peuple déterminé, Wade ne put faire autrement que prendre la poudre d’escampette pour céder le palais présidentiel à son nouveau locataire, en l’occurrence, Macky Sall. Ce dernier avait certes la lourde tâche de ressortir la pirogue (Sunu -Gaal) des zones de turbulence dans lesquelles elle se trouvait. Macky devait la redresser pour l’amener à voguer dans des zones beaucoup plus calmes. Dans ce processus de redressement de cette pirogue, Macky fit renaître la cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) de ces cendres et la mit en branle pour traquer ce qu’on appelait les « délinquants » et « fossoyeurs » de la République. Ainsi, ce début du mandat du Président Macky Sall eut-il été bien placé sous le sceau d’une chasse aux sorcières parmi lesquelles Karim Wade se trouve être la figure de proue pour avoir été accusé de disposer d’un patrimoine de 694 milliards de francs CFA (soit environ 1 milliard d’euros--voir article TV5-Monde 2018 août).  

Compte tenu de l’importance que le Président Macky Sall avait initialement accordé à la question de l’État de droit et du respect des libertés individuelles, on ne saurait ne pas nous interroger sur comment Macky a pu faire sombrer le Sénégal dans une telle dictature. Pourquoi veut-il s’accrocher tant au pouvoir et ne pas suivre ces prédécesseurs qui ont respecté et perpétué une longue tradition démocratique de remise pacifique du pouvoir?

La renaissance de la CREI ou le raffermissement d’une justice à deux vitesses au Sénégal
Au terme du procès de la cour de la répression de l’enrichissement illicite (CREI), Karim Wade fut ainsi condamné à 6 ans de prison ferme avec une amende de 138 milliards de FCFA pour blanchiment d’argent sale et de détournements de deniers publics et de corruption. De cette condamnation, deux enseignements s’imposent. Au niveau international, le Président Macky Sall avait bonne presse dans une bonne partie de l’opinion internationale qui avait vu en lui un bâtisseur d’un État de droit, un libéral conscient et convaincu des enjeux démocratiques de son pays…bref un partenaire économique sûr avec qui il est possible d’engager des contrats juteux et protéger les intérêts des occidentaux. En revanche, au niveau national, il y avait la méfiance autour de ce procès de Karim Wade car certains sénégalais y voyaient déjà les dessous d’une commande politique, une justice sélective et impartiale qui ne s’acharne que sur les opposants au régime de Macky. 

Les esprits les plus avertis de la scène politique nationale et internationale considéraient la série de poursuite judicaire comme une sorte de règlement de compte pour le compte d’un Président bien qu’élu  traîne encore les fraîches blessures psychiques d’un pourvoir sortant qui l’avait humilié au su et au vu de tout le monde. Malheureusement, ces blessures psychiques ne sont jamais pu se cicatriser au cours des années de son pouvoir. Pire, elles se sont allées crescendo quand elles ont été réveillées par l’entrée phénoménale d’un nouveau jeune leader charismatique, en l’occurrence Ousmane Sonko, qui a osé défier et remettre en cause certains aspects du Plan Sénégal Émergeant (PSE) et proposer un autre plan de développement pour le Sénégal. Cela est une nouvelle pilule amère que Macky et son équipe n’ont jamais pu avaler. Cette rivalité politique, les divergences de visons politiques entre Macky Sall et Ousmane Sonko, loin d’être de vraies sources de progrès pour le Sénégal, se sont transformées en animosité voire en haine. Elles sont devenues au cours de années le terreau fertile de la semence de la graine de justice à deux vitesses dont les fruits amers sont aujourd’hui servis à coups de lacrymogènes, d’emprisonnements tous azimuts, de massacres humains à quiconque aurait une opinion contraire à celle du régime du Président Macky Sall.

Pourquoi Macky refuse-de suivre ces prédécesseurs et rendre ses clés de son logement?

Le jeune locataire, Macky Sall né après les indépendances, n’est pas comme les autres anciens locataires du palais présidentiel sénégalais.  Autrement dit, Macky n’a ni la densité intellectuelle de Léopold Sédar Senghor, ni l’esprit technocrate du Président Abdou Diouf, ni l’élévation intellectuelle du Président Abdoulaye Wade. Ces derniers avaient très tôt eu l’intelligence de comprendre qu’ils n’étaient pas d’éternels locataires dans le palais présidentiel. Contrairement au Président Macky, ces ex-présidents avaient été entourés de gens qui avaient un sens élevé de la notion de République (res-publica—la chose commune) au-delà de leurs personnes. Malgré certains évènements douloureux qui ont rythmé leurs règnes à la tête du Sénégal, ils n’ont relativement jamais confondu l’État de droit avec leurs ambitions personnelles et celles de leurs familles. Avant de quitter le pouvoir, Senghor, Diouf et Wade ont su mettre les pendules à l’heure dans le palais présidentiel, nettoyer leurs arrière-cours et réparer tout ce qu’ils pouvaient réparer avant de rendre leurs clés au terme de leurs mandats présidentiels. 
Aujourd’hui, le Président, Macky Sall fait faux bond, entre pitoyablement dans l’histoire politique du Sénégal avec recul et signale clairement son refus de rendre ses clés au terme de son mandat avec l’annulation surprenante du scrutin présidentiel du 25 février 2024 à quelques encablures du début des campagnes électorales. Derrière cette décision d’annulation de l’élection présidentielle se cache bien évidemment une volonté de pas rendre ses clés au terme de son mandat et une peur bleue de laisser son successeur fouiller dans les décombres d’un système qui a commis beaucoup d’atrocités humaines, blanchiment d’argent et de pillages de ressources.

En substance, les péripéties de la vie politique au Sénégal ces derniers jours autour d’un autre dialogue vidé de sa toute sa juridique en disent long non seulement sur l’échec du Président dans sa tentative de redressement de la pirogue (Sunu-Gaal) mais sonnent aussi l’alerte d’une République à terre, en lambeaux et en état de décomposition très avancée. Aujourd’hui, les ombres de vies humaines enterrées ou croupissant dans les geôles défilent et gangrènent la conscience de notre République. Elles hantent dans tous les segments de sa société et sont symptomatiques d’un hubris de pouvoir que celui qui l’incarne aujourd’hui même en souffre plus en silence. Les fleurs du mal et de la rancune que l’homme a laissées pousser dans ses profondeurs psychiques de son surmoi  voilent le cœur et la conscience du Président Macky Sall, l’anesthésient contre toute demande de son peuple et l’amènent à dépasser les limites de l’acceptable dans tout État de droit. 

Si nous nous permettions un petit conseil au Président, nous dirions qu’ un wake-up call  brutal et un retour sincère au Seigneur des mondes s’impose comme la seule pilule de guérison de certaines de ces maladies du cœur dont souffrent la plupart des « grands » hommes ce monde.

A word to the Wise !

Dr. Moustapha Fall,
Enseignant-chercheur, LEA.
Saint-Louis

 


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