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OPINION - De la nécessite de rétablir l'année académique. Laurent Paul Sauvin Manga

Lundi 9 Octobre 2017

Une année a été bouclée, une autre s’annonce dans le milieu scolaire. En effet, après neuf mois de durs labeurs les élèves du primaire, du moyen et du secondaire sont allés en vacances après l’organisation des différents examens et concours (CFEE, Entrée en sixième, BFEM, Baccalauréat) qui sanctionnent la fin de ces cycles de formation scolaire. Cependant, leurs ainés de l’Enseignement Supérieur continuaient de prendre le chemin des amphithéâtres malgré l’enregistrement des premières pluies dans tout le pays. Une situation qui perdure depuis presqu’une décennie sans pour autant qu’on y apporte une solution.


Cela ne dérange personne, ou du moins on s’y accommode bon an, mal an, l’essentiel pour les étudiants étant de glaner des diplômes sans coup férir, pour les professeurs de remplir un tant soit peu leur mission d’enseigner, et pour l’Etat de sauver une année à problèmes.


Pourtant, vers la fin de la période coloniale, notre pays, le Sénégal, s’est doté d’une université afin de permettre à ses apprenants de continuer leurs études sur place et ainsi de former de futurs cadres de l’administration sénégalaise et d’ailleurs. L’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), premier établissement de l’Enseignement Supérieur public du Sénégal a accueilli et formé d’éminentes personnalités (Président Abdou Diouf, Cardinal Théodore Adrien Sarr, Président Ibrahima Boubacar Kéïta, M. Boubacar Boris Diop, Mme Mame Madior Boye, Mme Ken Bugul, Président Macky Sall…), issues de divers horizons : Sénégal, Côte d’ivoire, Mali, Rwanda, France, Maroc, Liban, Royaume-Uni… Depuis lors d’autres universités (université Gaston Berger de Saint-Louis, université Alioune Diop de Bambey, université Assane Seck Ziguinchor, université de Thiès) ont vu le jour et, bientôt l’université El Hadji Ibrahima Niasse du Saloum. Cela a agrandi considérablement la carte universitaire avec ses corollaires.


L’enseignement dans le supérieur, il est vrai, est gangréné par des perturbations et grèves cycliques. Tout au plus, du mois d’octobre à juillet, les étudiants recevaient des enseignements-apprentissages, mais aussi étaient évalués tout au long de l’année académique. Cet état de fait continua malgré les grèves de 1968, l’année blanche de 1988 et l’année invalide de 1994. Aujourd’hui, d’autres universités sont nées faisant suite à la politique de l’école de proximité, mais aussi pour décongestionner les universités de Dakar et de Saint-Louis qui affichaient leur trop plein d’étudiants. Cependant, depuis quelques temps l’année académique se prolonge jusqu’au mois d’Aout pour certaines universités et pour d’autres jusqu’au mois de Septembre. Dans une université, on peut se retrouver avec une disparité de calendriers dans le sens où une filière finit son année académique au moment où une autre entame la sienne.

Cela n’est pas pour aider dans la conduite de la société. Pour cause, les étudiants sont issus de la société, ils ne sont pas des gens à part, ils sont des ruraux ou des citadins. Le Sénégal étant un pays fortement rural, à la fin de l’année académique en juillet, les jeunes étudiants regagnaient leurs terroirs pour aider leurs parents dans les champs, constituant ainsi une main d’œuvre supplémentaire pour emblaver plus de surfaces arables et ainsi récolter plus. En outre, ils participaient à l’animation des villages : Association Sportive et Culturelle, retrouvailles entre amis de la même génération, échanges fraternels. Les étudiants, futurs fonctionnaires de l’état, en profitaient pour se ressourcer et s’ancrer dans leurs traditions. Les cérémonies traditionnelles et autres jumelages sont des moments de rencontres et d’échanges entre jeunes de deux ou plusieurs villages. Ces moments permettaient aux jeunes de comprendre les enjeux et les réalités de leurs terroirs. Des activités qui permettaient de fraterniser et de se connaitre les uns, les autres.


Or, nous le savons, si on ne côtoie pas les anciens, on perd ses racines et on s’acculture. Mais nous ne pourrons jamais être autre que ce que nous sommes car « Le séjour dans l’eau ne transforme pas un tronc d’arbre en crocodile ». Ne dit-on pas d’ailleurs que la culture est au début et à la fin de tout développement ? Et Monsieur le Président Macky Sall, dans Le Populaire du mercredi 09 novembre 2016 disait : « la culture nous éloigne des ténèbres pour un monde apaisé. » Ce constat, les hommes de culture l’ont fait, eux qui réfléchissaient sur le thème : « la culture, 4e pilier du développement durable. », lors de la conférence du colloque sur le cinquantenaire du FESMAN.

Sur le plan économique, les étudiants apportaient une plus-value importante dans la zone rurale. Ils sont de la tranche d’âge comprise entre 18 et 25 ans, c’est-à-dire la société la plus active. Cette frange de la société disais-je venait en appui aux familles restées au village. Les uns dans les champs, dans la rédaction des courriers, dans l’animation sociale pour la bonne marche des villages. Le pape Saint Jean Paul II,  a déclaré : « Dis-moi qu’elle jeunesse tu as je te dirai quel peuple tu seras. »


Ainsi, cette jeunesse était à bonne école puisqu’ayant acquis les connaissances nécessaires à son intégration socio-économique. Ces jeunes ont appris à connaitre la valeur du travail et surtout du travail bien fait, le sens de l’amitié et de la fraternité durant les rencontres villageoises


Aujourd’hui, malgré les politiques agricoles, notre agriculture est délaissée par certains villages aux terres pourtant fertiles pour faire place à l’exode rural. Le prolongement de l’année scolaire en est pour quelque chose car il y a un déracinement total de la jeunesse, engendrant un délaissement de la vie politique et sociale de leur terroir à laquelle ils pourraient grandement contribuer.
Sur le plan scolaire, je me souviens que, quand j’étais élève au primaire, mes oncles et tantes parlaient souvent de session d’octobre et vers la fin du mois de septembre certains d’entre eux retournaient à Dakar pour compléter les Unités de Valeurs (UV) manquantes à leur année académique. Mais aujourd’hui, c’est un emploi du temps à plusieurs inconnues. Les cours se font selon le bon vouloir du professeur et le semestre réduit au strict minimum contribuant ainsi au rabais de la formation. Pourtant, ce sont ces étudiants qui auront demain les destinées de notre nation en ce sens qu’ils feront le lit de nos écoles dispensant des cours. Et après l’on criera au recul de notre système éducatif auquel on aura grandement contribué. Nos frères, nos sœurs ainsi que nos enfants seront les grands agneaux du sacrifice. En plus, les « navétanes » ne sont pas pour faciliter les choses car ils durent jusqu’au mois de janvier.
 
Si la capacité d’un pays à se remettre sur les rails du développement passe nécessairement par ses universités, si le développement de notre pays dépend en grande partie d’une jeunesse bien formée et consciente, il faut alors inverser automatiquement la tendance pour ne pas sombrer définitivement dans la misère des pays les plus pauvres de la planète. C’est inadmissible de former la jeunesse de notre pays par des enseignants non formés. Il faut couper le mal à la racine. Oui tant qu’il y a vie, il y a espoir, mais pour espérer de futures belles moissons, il faut impérativement des semences de qualité. Pour cela, une thérapie urgente et efficace s’impose puisqu’étant la condition sine qua non pour sauver le pays, sa jeunesse et son avenir. Il faut donc commencer par taire les querelles syndicales et estudiantines.


Ensuite faire une trêve d’au moins cinq ans et signer un pacte social entre l’Etat et les syndicats des enseignants ainsi qu’avec les étudiants pour la stabilité dans les universités. Que l’Etat du Sénégal respecte les accords déjà signés avec les étudiants comme les enseignants du supérieur. Même si la satisfaction totale de la plate-forme revendicative des enseignants et des étudiants ne règle pas intégralement les problèmes actuels de l’Université, cela permettra de vivre dans un climat moins perturbé et redonner à notre enseignement supérieur un nouvel élan vers le sommet. Sauvons notre école, en sauvant l’Université et en rétablissant l’année académique.
 
Laurent Paul Sauvin Manga
lapasama77@yahoo.fr , 775121103


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