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Takku Suuf ou mariage en secret : Hommes politiques, jeunes marabouts et commerçants aux banc des accusés

Mardi 29 Mars 2016

Une nouvelle façon de se marier gagne du terrain au Sénégal, en ces temps qui courent. Takku Suuf ou mariages scellés dans le plus grand secret sont devenus récurrents. Des hommes sont souvent astreints à ce choix pour avoir opté d’être monogame dans un premier mariage. D’autres circonstances font aussi que les hommes ne souhaitent pas étaler sur la place publique leur seconde union. Ainsi, mariées dans le plus grand secret ou consentantes de cette forme de mariage, certaines femmes rencontrent la première famille du mari plusieurs années après le mariage, très souvent après le décès du conjoint. Socialement réprimé à cause de sa nature secrète, cette forme de mariage reste religieusement et juridiquement légale sauf en cas d’absence de témoins ou d’option pour la monogamie.


Takku Suuf ou mariage en secret : Hommes politiques, jeunes marabouts et commerçants aux banc des accusés
Très souvent, célébré en grande pompe, le mariage a pris une autre tournure ces derriers temps. Des hommes et des femmes désireux de s’unir optent de tenir secrète leur relation. Takku Suuf ou mariage dans le plus grand secret, est devenu le fort de certains hommes qui croisent sur leur chemin de jeunes dames souvent intéressées que par le matériel et le luxe. « Celles qui optent se marier en secret le font pour des biens matériels. Elles ont par devers elles de très importantes somme d’argent. Elles accompagnent leurs époux dans tous les voyages et ont des appartements chics et bien meublés », explique l’animateur Mamadou Ndoye Bane.

Mieux, ajoute-t-il, cette femme s’abstient d’avoir des enfants avec son époux. « Si la femme est bien consciente qu’elle s’engage dans un mariage caché, elle opte pour la contraception pour ne pas avoir d’enfant et profiter au maximum des largesses de son conjoint». Les raisons qui poussent l’homme à vouloir ce genre d’union est, selon ’animateur, l’option d’être polygame dans son premier mariage : «il a signé pour la monogamie et souhaiterait prendre une deuxième épouse à l’insu de sa première femme». Et dans ce cas, seuls quelques amis proches du mari ou certains membres de sa famille sont mis au parfum de la nouvelle union. Le mariage est discrètement célébré dans ce cas. Les témoins sont des amis ou des personnes choisies au hasard. Pour prendre une seconde épouse dans la discrétion aussi, informe l’animateur, certains hommes donnent comme prétexte une maladie de la première femme qui ferait que l’annonce de la présence d’une rivale dans sa vie pourrait lui être fatale. Ils demandent patience à leur nouvelle conquête. Un délai souvent très long et qui n’arrive à terme qu’après le décès du conjoint, quand la seconde femme débarque à la maison familiale pour réclamer sa part des biens laissés par son défunt mari. Par ailleurs, selon toujours Mamadou Ndoye Bane, dans certaines circonstances, si la deuxième épouse est consciente que sa coépouse ne dispose pas de papiers administratives attestant son union, elle essaye d’en trouver pour légitimer son ménage et jeter le discrédit sur l’autre. Certaines femmes ignorent par contre la nature de leur mariage. Très souvent en cas de Takku Suuf, les femmes ne sont informées qu’après plusieurs années de relation. Et souvent, il s’en suit le divorce ou des poursuites judicaires, fait remarquer Mamadou Ndoye Bane.

Hommes d'affaires, jeunes marabouts et politiciens excellent dans cet art

Des jeunes marabouts, des hommes d’affaires et des commerçants se plaisent dans cette forme de mariage, soutient l’animateur. Pour Mamadou Ndoye Bane, certains hommes politiques se marient uniquement par simple plaisir. Après les années de règne, quand les ressources commencent à devenir maigres, ils quittent leurs femmes « secrètes ». De jeunes marabouts, et des hommes d’affaires cherchant à se faire plaisir dans leurs nombreux voyages s’engagent aussi dans cette forme de mariage. Les problèmes qui peuvent découler des mariages secrets sont nombreux. Selon Mamadou Ndoye Bane, les deux familles ne se connaissent pas. Pis, très souvent, l’homme est tenu en otage par la deuxième femme qui le contrôle à sa guise.

Takku Suuf, les femmes se racontent

Jeune, très belle et élégante, Anta Sall était une fille qui cherchait l’âme sœur. Son malheur est d’avoir rencontré un homme dont elle est tombée amoureuse, mais qui n’était pas prêt pour devenir son époux publiquement. «Il veut me découvrir, mais il n’ose pas m’épouser en public à cause de sa femme. Il est monogame et risque d’avoir des problèmes avec son épouse. Je lui ai répondu qu’il y’a des choses que je me permets plus. Un jour il est passé prendre le déjeuner chez moi. Après s’être bien régalé, il fait comprendre qu’il a bien aimé, mais juste il a manqué quelques choses. J’ai aussitôt compris qu’il voulait un moment d’intimité. Il m’avait dit qu’on allait se marier secrètement, mais dés qu’il a compris que je ne m’intéresse pas trop à cette forme de mariage, il a commencé à prendre du recul ». Une autre femme, un destin similaire. Contrairement à Anta Sall, Ndeye Fatou s’est mariée avec un homme qui lui a caché l’existence de sa première épouse. De ce fait, le mariage n’a duré que le temps d’une rose. En effet, Ndeye Fatou découvre le vrai visage de son mari après un an de mariage quand ce dernier l’a sommé d’avorter suite à sa première grossesse. «J’ai découvert qu’il cachait notre mariage lorsqu’il m’a demandé d’avorter. Auparavant, on est sorti ensemble pendant plusieurs années. Il ne m’a jamais dit qu’il est marié. Il m’a épousé avec l’autorisation de mes parents », raconte-t-elle. Les bizarreries de son mariage, Ndèye les raconte : « Il m’avait amené des témoins que je ne pourrais plus jamais retrouver dans Dakar ». Son ex mari, une personne très connue au Sénégal n’a jamais accepté de déclarer leur mariage. « Je l’ai toujours mis la pression pour qu’on aille à la mairie. Il a toujours refusé de le faire. Mais le problème est qu’il avait signé pour monogamie ». Sa coépouse, Ndèye Fatou l’a vue qu’une seule fois, au tribunal de Dakar, le jour de son procès avec son ex époux. Divorcée, elle n’a rien demandé à son mari. La cause est dit-elle : «Il est homme puissant. Il est capable de me faire mal. Maintenant, je ne souhaite qu’une chose, vivre en paix avec mon petit garçon ».

Fatou Kiné Camara, enseignante en droit à l'UCAD : «Si l’homme n’a pas opté pour la monogamie, le mariage est légal»

« Le Takku Suuf est un mariage coutumier. La loi reconnait cette forme de mariage », dit Fatou Kiné Camara. Cependant, précise-t-elle : « Si l’homme a opté pour la monogamie le mariage sera nul » Pis, ajoute la juriste, « si la femme n’est pas au courant qu’elle a été trompée, elle peut, en cas d’annulation de son mariage, bénéficier d’un certificat de divorce ». Selon Fatou Kiné Camara, que cette forme de mariage soit connue par la conjointe ou pas, cela n’enlève en rien la légitimité des enfants issus de cette union : « Aux yeux de la loi, les enfants ne doivent pas souffrir de la faute des parents. Et ils peuvent prétendre à tous les droits que leur confère la paternité ». Au cas où l’homme n’a pas opté pour la monogamie, il peut obtenir son certificat de mariage si l’union est constatée par des témoins devant un maire, fait remarquer la juriste. Dans ces mariages secrets, il arrive souvent que la première union du conjoint ne soit pas déclarée.

Oustaz Alioune Sall, Islamologue et prêcheur : «Si le mariage est attesté par des témoins, il est légal»

Dans la religion musulmane, le mariage secret est accepté à condition que des témoins assistent à la célébration du mariage, soutient Oustaz Alioune Sall. Mieux, les parents de la fille doivent aussi être consentants de cette union dit le prêcheur. Le Takku Suff ne doit pas être un secret entre l’homme et sa femme uniquement. Dans ce cas de figure, le mariage n’est pas valable indique Oustaz Alioune Sall. Comme dans la loi sénégalaise, la religion musulmane donne aussi le droit aux enfants issus de cette union d’hériter des biens de leur père si ce dernier rend l’âme indique, le prêcheur.

Takku Suuf : Un dérèglement de notre société, selon le professeur Malick Diagne

Les mariages en cachette sont source de problèmes. Très souvent, ils affectent les enfants. Pour le chef de département de philosophie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, ces mariages ont des conséquences dramatiques sur les enfants. Pour Malick Diagne, les enfants sont vus comme des enfants hors mariage dans la mesure où leur existence échappe à la majorité. Il se pose dans ce cas, un problème de reconnaissance. Le Takku Suuf ou mariages scellés dans le plus grand secret gagnent du terrain et selon le chef de département de philosophie, plusieurs facteurs expliquent la recrudescence du phénomène. Les raisons sont à chercher, selon le professeur, dans le fait que le mari a opté auparavant pour la monogamie. Le non assurance de l’homme ou la peur de la première femme justifie que l’homme cache l’existence de son deuxième mariage. La récurrence des mariages faits en cachette est aussi liée au dérèglement des sociétés. L’éthique, les modes de vie et les normes sociales ont aussi changé, selon Malick Diagne. Ce qui a causé un règlement de notre société. La mondialisation à l’origine de l’influence des valeurs importées de l’occident en est aussi pour quelque chose. Pour lui, le phénomène de Takku Suuf est aussi connu en occident. Car dans ces pays, les hommes mariés incapables de prendre une seconde épouse, ont des maîtresses.

Sud Quotidien


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1.Posté par taalibe le 30/03/2016 17:31
tappale reck ak dioubadi l etr humain n est pas monogame

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