
Lettre ouverte à l'attention du Président de la République Bassirou Diomaye D. FAYE et du Premier Ministre Ousmane SONKO : le temps des actes est venu.
Depuis plus de 17 mois, le ministère de l'Urbanisme, du Logement et de l'Habitat donne le triste spectacle d'un théâtre à ciel ouvert. Une succession de gesticulations, d'annonces contradictoires et d'actes de pure politique politicienne. Ce qui devait incarner la rupture ressemble de plus en plus à une gestion erratique, pour ne pas dire pire.
La promesse était pourtant forte : résorber le déficit criant en logements, qui pèse sur des millions de Sénégalais. Les chiffres sont connus de tous : un gap estimé à 500 000 logements. Un défi colossal qui exige une vision claire, une stratégie robuste et une exécution irréprochable. Force est de constater que nous en sommes très loin.
Pourtant, la démarche adoptée jusqu'ici manque cruellement de sérieux et de transparence :
1. Un discours instable et peu crédible : En moins de deux ans, l'ambition affichée est passée de 100 000 logements (programme précédent, unanimement reconnu comme un échec) à 300 000 (Sénégal 2050), pour finalement se focaliser sur le chiffre de 500 000. Cette inflation rhétorique, sans feuille de route lisible, discrédite la parole de l'État et jette un flou anxiogène sur les véritables objectifs. Une équipe de rupture ne peut se contenter de recycler les objectifs d'un programme qu'elle a elle-même dénoncé sans en changer radicalement les méthodes.
2. Une opacité inquiétante dans le choix des acteurs : L'annonce de 12 000 projets retenus et de 20 promoteurs « triés sur le volet » soulève plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. Sur quels critères techniques et financiers précis ? Avec quelle grille de sélection objective et publique ? Cette méthode, qui contredit frontalement les promesses de transparence et d'équité, rappelle fâcheusement les agréments opaques d'un autre âge favorisant trop souvent des promoteurs non performants, au détriment de l'intérêt général. L'ancienne CAPIP a fait beaucoup mieux malgré les ratés des toutes dernières années sur Daga-Kholpa.
3. Le détournement des institutions : La transformation de la CGIS en CDC Habitat est un exemple frappant de mauvaise direction. Détournée de sa mission première de financement du logement social, elle se mue en promoteur concurrent, faisant une concurrence déloyale à la SICAP, à la SNHLM et au secteur privé. Cette confusion des rôles est absurde, contre-productive et étouffe le marché au lieu de le structurer.
4. La perpétuation de modèles inefficaces : La persistance des modèles SAFRU et DGPU comme aménageurs principaux est le symbole même de la gabegie financière et des lourdeurs bureaucratiques qui ont plombé le secteur pendant des décennies. Leur inefficacité est criante. Une vraie rupture exigerait de les réformer en profondeur ou de les remplacer par des structures agiles, performantes et redevables.
Messieurs le Président Diomaye et Premier Ministre Sonko, votre gouvernement ne peut pas se permettre de faire moins que le précédent. Il doit faire radicalement mieux, autrement.
La vraie rupture n'est pas dans l'affichage d'un chiffre. Elle est dans la méthode. Le gap de 500 000 logements sociaux peut être résorbé en 5 ans. C'est techniquement et financièrement possible, à condition de :
- Définir une stratégie claire et stable et s'y tenir, en publiant un plan directeur réaliste, chiffré et calendérité.
- Garantir une transparence totale dans l'attribution des marchés et des agréments, en s'appuyant sur des critères de performance publics et en ouvrant les processus à la société civile.
- Replacer chaque institution dans son rôle : une CDC qui finance, des bailleurs publics qui construisent et gèrent, et un secteur privé agréé qui est un partenaire stimulé et régulé, et non concurrencé de façon déloyale.
- Assainir et moderniser les processus d'aménagement pour en finir avec la gabegie et la lenteur, en confiant ces missions à des entités expertes et efficientes.
Le ministère de tutelle, dans sa gestion actuelle, est en train de devenir le maillon faible de votre projet de société. Il risque de vous faire échouer sur un dossier socialement crucial et symboliquement fort.
Il est urgent de reprendre la main, d'imposer une nouvelle gouvernance à ce secteur et de montrer que la rupture n'est pas un slogan, mais une méthode de gouvernement au service des Sénégalais. Le peuple, qui vous a porté par son vote, attend des actes à la hauteur de ses espérances. Ne le décevez pas.
M. Saliou DRAME
Depuis plus de 17 mois, le ministère de l'Urbanisme, du Logement et de l'Habitat donne le triste spectacle d'un théâtre à ciel ouvert. Une succession de gesticulations, d'annonces contradictoires et d'actes de pure politique politicienne. Ce qui devait incarner la rupture ressemble de plus en plus à une gestion erratique, pour ne pas dire pire.
La promesse était pourtant forte : résorber le déficit criant en logements, qui pèse sur des millions de Sénégalais. Les chiffres sont connus de tous : un gap estimé à 500 000 logements. Un défi colossal qui exige une vision claire, une stratégie robuste et une exécution irréprochable. Force est de constater que nous en sommes très loin.
Pourtant, la démarche adoptée jusqu'ici manque cruellement de sérieux et de transparence :
1. Un discours instable et peu crédible : En moins de deux ans, l'ambition affichée est passée de 100 000 logements (programme précédent, unanimement reconnu comme un échec) à 300 000 (Sénégal 2050), pour finalement se focaliser sur le chiffre de 500 000. Cette inflation rhétorique, sans feuille de route lisible, discrédite la parole de l'État et jette un flou anxiogène sur les véritables objectifs. Une équipe de rupture ne peut se contenter de recycler les objectifs d'un programme qu'elle a elle-même dénoncé sans en changer radicalement les méthodes.
2. Une opacité inquiétante dans le choix des acteurs : L'annonce de 12 000 projets retenus et de 20 promoteurs « triés sur le volet » soulève plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. Sur quels critères techniques et financiers précis ? Avec quelle grille de sélection objective et publique ? Cette méthode, qui contredit frontalement les promesses de transparence et d'équité, rappelle fâcheusement les agréments opaques d'un autre âge favorisant trop souvent des promoteurs non performants, au détriment de l'intérêt général. L'ancienne CAPIP a fait beaucoup mieux malgré les ratés des toutes dernières années sur Daga-Kholpa.
3. Le détournement des institutions : La transformation de la CGIS en CDC Habitat est un exemple frappant de mauvaise direction. Détournée de sa mission première de financement du logement social, elle se mue en promoteur concurrent, faisant une concurrence déloyale à la SICAP, à la SNHLM et au secteur privé. Cette confusion des rôles est absurde, contre-productive et étouffe le marché au lieu de le structurer.
4. La perpétuation de modèles inefficaces : La persistance des modèles SAFRU et DGPU comme aménageurs principaux est le symbole même de la gabegie financière et des lourdeurs bureaucratiques qui ont plombé le secteur pendant des décennies. Leur inefficacité est criante. Une vraie rupture exigerait de les réformer en profondeur ou de les remplacer par des structures agiles, performantes et redevables.
Messieurs le Président Diomaye et Premier Ministre Sonko, votre gouvernement ne peut pas se permettre de faire moins que le précédent. Il doit faire radicalement mieux, autrement.
La vraie rupture n'est pas dans l'affichage d'un chiffre. Elle est dans la méthode. Le gap de 500 000 logements sociaux peut être résorbé en 5 ans. C'est techniquement et financièrement possible, à condition de :
- Définir une stratégie claire et stable et s'y tenir, en publiant un plan directeur réaliste, chiffré et calendérité.
- Garantir une transparence totale dans l'attribution des marchés et des agréments, en s'appuyant sur des critères de performance publics et en ouvrant les processus à la société civile.
- Replacer chaque institution dans son rôle : une CDC qui finance, des bailleurs publics qui construisent et gèrent, et un secteur privé agréé qui est un partenaire stimulé et régulé, et non concurrencé de façon déloyale.
- Assainir et moderniser les processus d'aménagement pour en finir avec la gabegie et la lenteur, en confiant ces missions à des entités expertes et efficientes.
Le ministère de tutelle, dans sa gestion actuelle, est en train de devenir le maillon faible de votre projet de société. Il risque de vous faire échouer sur un dossier socialement crucial et symboliquement fort.
Il est urgent de reprendre la main, d'imposer une nouvelle gouvernance à ce secteur et de montrer que la rupture n'est pas un slogan, mais une méthode de gouvernement au service des Sénégalais. Le peuple, qui vous a porté par son vote, attend des actes à la hauteur de ses espérances. Ne le décevez pas.
M. Saliou DRAME