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Le piège du recensement : Aziz est-il mauritanien ?

Lundi 23 Janvier 2012

Le piège du recensement : Aziz est-il mauritanien ?
Jeudi 4 mai 2011, en début de matinée, Ould Abdel Aziz se présente au centre de l’Agence Nationale du Registre de la Population et des Titres Sécurisés (ANRPTS) à Sebkha, pour donner le coup d’envoi de l’opération d’enrôlement des populations en Mauritanie à travers la mise en service du système de définition d’identité et des titres sécurisés. Sebkha est un département de Nouakchott à forte population négro-africaine, c’est peut-être en recherchant la symbolique du lieu qu’Ould Abdel Aziz n’est pas allé s’inscrire au Ksar, circonscription dont il est résident. Haby Haidara, maire-sénateur et épouse du chef d’Etat-major Particulier du Président, colonel Dia Oumar Adama, est là aussi.

Les médias officiels, seuls autorisés à couvrir l’événement, ont rapporté que le « Chef de l’Etat a présenté ses papiers personnels au responsable de l’état-civil de Sebkha avant de laisser son empreinte digitale, de se faire photographier et de s’inscrire ».

Mais, ils ne disent pas si Ould Abdel Aziz a présenté l’acte d’enrôlement de ses parents, documents exigibles pour tout candidat dont le père ou la mère sont vivants.

En revanche, on sait que le chef de l’Etat a voulu, dans un premier temps, se faire enregistrer sous son nom officiel (Mohamed Ould Abdel Aziz), mais un responsable de l’Agence lui rappelle que le nom de famille doit figurer, il s’y dérobe ; mais le responsable insiste et il finit par lui céder. Finalement, il se fera enrôler sous le nom de Mohamed Abdel Aziz Eleya (nom de famille que porte également son cousin et ancien prédécesseur Ely Ould Mohamed Vall Ould Eleya). Mais, c’est le lieu de naissance du président mauritanien qui fait controverse : sa biographie officielle indique qu’il né 20 décembre 1956 à Akjoujt.

Pourtant, plusieurs témoignages crédibles attestent qu’Ould Abdel Aziz est né au Sénégal.

A l’évidence, cette « entorse » ouvre la voie devant tous les Mauritaniens nés à l’extérieur du pays. Certains pourront se demander, pourquoi Ould Abdel Aziz, né à l’étranger, peut déclarer qu’il est né sur le sol mauritanien alors d’autres de ses concitoyens en sont empêchés.

Mais, c’est l’article 31, révisé, de la loi portant code de la nationalité mauritanienne qui prête à l’amalgame : « Un Mauritanien, même majeur, ayant une nationalité étrangère, peut-être autorisé sur sa demande à garder la Nationalité Mauritanienne. Cette autorisation est accordée par décret ». Si l’on sait que l’article 30 de la loi susvisée stipule : « Perd la nationalité mauritanienne, le Mauritanien majeur qui acquiert volontairement la nationalité étrangère ».

De ce fait, ce pouvoir discrétionnaire constitue une arme entre les mains d’Ould Abdel Aziz qui peut choisir, désormais, « ses » mauritaniens. D’autant qu’avant la date de promulgation de la loi révisée (11 février 2010), tous les responsables mauritaniens de nationalité étrangère (plusieurs anciens et actuels ministres et certains élus) étaient frappés de déchéance du droit à la nationalité mauritanienne.

Cependant, l’opération d’enrôlement est très vite remise en cause d’abord au niveau de sa conception : un coût exorbitant (18 millions euros), un encadrement confié à des proches d’Aziz sans expérience dans le domaine d’état-civil et qui ont désormais les pouvoirs régaliens de l’Etat.

S’ensuit une vaste contestation des populations noires qui estiment que l’opération les vise directement. Sous l’égide de TPMN (Touche pas à ma nationalité), un mouvement de jeunes négro-mauritaniens, des manifestations éclatent dans plusieurs villes de la Vallée du fleuve, brutalement réprimées par les forces de l’ordre, au motif qu’elles ne sont pas autorisées. Bilan : un mort et des dizaines de blessés. Des édifices et des véhicules de l’Etat sont brûlés.

A Nouakchott, le régime tente d’apaiser la situation. Une campagne d’explication est lancée, les « questions qui fâchent » des agents recenseurs sont soigneusement évitées et les activistes de « Touche pas à ma nationalité » sont autorisés à manifester.

Mais, la crise s’est installée. Ni les concessions faites, ni l’appel en renfort des trois chefs d’Etat-major, tous négro-mauritaniens, (N’Diaga Dieng, Félix Négri et Dia Adama Oumar) ne fléchiront la contestation du mouvement anti-recensement qui, après chaque accalmie, reprend de nouveau.

Dès lors, l’opération prend un aspect identitaire et politique puisque plusieurs partis de l’opposition, surtout, vont soit cautionner le mouvement, soit dire « comprendre ses revendications légitimes ».

Une autre question, institutionnelle cette fois-ci, vient se greffer aux opérations d’enrôlement en cours, celle du calendrier électoral et du prochain scrutin législatif et municipal. Prorogée, par un avis du Conseil Constitutionnel, la fin de la législature est prévue en mai prochain. Cinq mois suffiront-ils à boucler une opération si complexe et si lente ?

Certainement pas. En tous cas, le dernier tableau de suivi d’enrôlement publié, à la date du 22 décembre, ne permet pas de l’affirmer. Au total, 246 922 enrôlés, en 7 mois et 18 jours. A ce rythme, l’achèvement des opérations prendra encore quelques années. A Noudhibou, le tableau précité indique 9814 enrôlés pour le premier bureau tandis que le second bureau n’a enregistré que… 31 personnes.

L’annonce par l’ANRPTS de recruter, à partir du 12 janvier prochain, 222 personnes, s’apparente plus à une pirouette puisque 130 personnes seront recrutées (en interne) parmi les personnels travaillant déjà à l’Agence.

Côté mobilisation, tous les ministres et directeurs de sociétés d’Etat multiplient les réunions avec leurs collaborateurs en vue de « vulgariser l’importance de l’enrôlement », une campagne identique à celle du « Livre et du Savoir » il y a quelques années. On en connait, à présent, le résultat : les Maisons du Livre abritent, aujourd’hui, celles des CAC (centres d’accueil des citoyens ou bureaux d’enrôlement).

Il y a quelques jours, le patron de l’Agence, M’Rabih déclarait, à la télévision, qu’à partir du 1° janvier 2012, certains pays (sans préciser lesquels) interdisent l’accès à leurs territoires de gens qui n’ont pas un passeport biométrique. Bluff, chantage ou menace ? Tous les moyens sont bons pour faire avancer une opération qui n’avance pas.

Une autre question vient, ces derniers jours, ranimer le débat sur la nationalité, celle de la « mauritanité » de Moustapha Ould Limam Chafii, irréductible opposant aux régimes militaires en Mauritanie qui, tantôt est considéré Mauritanien, tantôt déchu de la nationalité, au gré de ses positions politiques. Un personnage qui n’hésite pas un seul instant à faire le décompte de ses ancêtres enterrés en Mauritanie. Comme pour paraphraser cet homme d’Etat français qui a dit que : « Ce n’est pas à la loi de définir l’histoire ».

Mohamed Ould Khayar


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1.Posté par Merhaba le 29/02/2016 13:11
Bonjour:Je cherche exactitude adresse:Le palais présidentiel du président de la république Islamique:Mauritanien à Nouakchott.Coordonnées de la personne à contacter:Contact Person/ Contact Information: Le nom et le titre de la personne à contacter.Numéro de Téléphone. Donnez votre réponses à ces sujets.Avec tous mes remercièments anticipées.Merci.
E-Mail:faddoulmerhaba@yahoo.fr Tel. Mobil:608738969.

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