La ville sainte de Touba accueille, comme chaque année, des millions de fidèles venus du Sénégal et du monde entier pour célébrer le Grand Magal. Cet événement, pilier du calendrier religieux sénégalais, commémore le départ en exil au Gabon de Cheikh Amadou Bamba Mbacké (1853-1927), fondateur de la confrérie mouride.
Ce jour de mémoire est né de la volonté du guide spirituel de rendre grâce à Dieu pour les épreuves endurées et la victoire morale sur le pouvoir colonial. En 1895, accusé à tort par l’administration française de menacer l’ordre public, Cheikh Amadou Bamba est déporté au Gabon, où il passe sept années d’exil. Loin d’affaiblir sa mission, cette épreuve renforce sa détermination à propager un islam pacifique, fondé sur le travail, la discipline et la soumission à Dieu.
À son retour, il décide de commémorer le jour de son départ, non comme un souvenir de souffrance, mais comme une célébration de la foi triomphante. C’est ainsi que naît le Magal : une invitation à l’élévation spirituelle, au partage et à la fraternité.
Aujourd’hui, l’événement dépasse la dimension purement religieuse. Touba devient, le temps du Magal, un centre économique majeur. Marchés éphémères, échanges commerciaux, flux financiers et investissements locaux donnent au pèlerinage un poids considérable dans l’économie nationale. Des secteurs entiers, transport, hébergement, restauration, artisanat, connaissent un essor fulgurant.
Le Magal de Touba est ainsi un carrefour spirituel, culturel et économique, où la mémoire d’un acte de résistance pacifique rencontre l’effervescence d’une cité en pleine activité. Chaque année, il rappelle aux fidèles les valeurs cardinales du mouridisme : foi, travail, persévérance et solidarité.