L’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar a ouvert, mardi, un colloque pluridisciplinaire de deux jours consacré au professeur de sociologie Abdou Salam Fall, disparu le 15 août dernier à Saint-Louis à l’âge de 68 ans. Cette rencontre rend hommage à l’une des figures majeures des sciences sociales en Afrique, dont l’œuvre a profondément marqué la recherche et la réflexion sur les transformations économiques et sociales du continent.
Enseignants, chercheurs et anciens collaborateurs du défunt participent à ce colloque, qui se tient sous le thème « Repenser les transformations sociales en Afrique : état des lieux, dynamiques et innovations ». Tous ont salué la contribution exceptionnelle du sociologue à l’enseignement et à la production scientifique au Sénégal et en Afrique.
Abdou Salam Fall s’est illustré par ses travaux sur l’économie sociale et solidaire, les dynamiques religieuses, les migrations, les inégalités sociales et les rapports de genre — des champs qu’il a explorés avec une approche originale et ancrée dans les réalités africaines. Fondateur du Laboratoire de recherche sur les transformations économiques et sociales de l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) et initiateur de la formation doctorale sur l’homme et la société à l’UCAD, il laisse un héritage intellectuel d’une rare fécondité.
Le professeur Tidiani Alou, président du comité scientifique du colloque, a rappelé que le défunt « a su construire des vocations et développer la sociologie au Sénégal et dans la région ouest-africaine ». Selon lui, « Abdou Salam Fall a réussi à concilier une carrière de chercheur accompli avec celle d’un expert reconnu, et son parcours mérite d’être célébré et donné en exemple ».
Pour le professeur Moctar Touré, membre de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANSTS), « avec sa disparition, le Sénégal perd un grand fils, l’université un chercheur de grande valeur et l’Académie un membre éminent ». Il a salué « une sociologie singulière qui scrutait la société dans toute sa complexité ».
Le directeur de l’IFAN, Abdoulaye Baïla Ndiaye, a décrit un « pédagogue généreux » et un « bâtisseur d’espaces scientifiques » : « Il a consacré sa vie à étudier nos sociétés face aux mutations, en mettant en lumière la richesse des pratiques communautaires et alternatives. Il incarnait une éthique rare du savoir et défendait une science ouverte, connectée aux réalités sociales. »
De son côté, le professeur Mor Ndao, directeur de l’école doctorale dédiée à l’étude de l’homme et de la société à l’UCAD, a salué un collègue « pétri de valeurs humaines », rappelant son dévouement à « l’intérêt collectif » et son engagement pour « le bien de la communauté ».
Le vice-recteur de l’UCAD, le professeur Idrissa Ly, a insisté sur l’empreinte laissée par Abdou Salam Fall : « Il a donné à la sociologie sénégalaise une voie propre. Il était l’un des meilleurs ambassadeurs de notre université et incarnait tout son esprit. »
Enfin, Hamidou Dath, directeur de la recherche et de l’innovation au ministère de l’Enseignement supérieur, a souligné la portée actuelle de ses travaux : « Abdou Salam Fall a contribué à faire dialoguer la science et les politiques publiques. Poursuivre son œuvre reste le plus bel hommage que l’on puisse lui rendre. »
Au-delà des hommages, ce colloque vise à revisiter l’œuvre d’un intellectuel profondément enraciné dans son temps, dont la pensée continue d’éclairer les transformations sociales de l’Afrique contemporaine.
APS

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