Le khassida Assirou de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, fondateur du mouridisme, demeure l’un des témoignages les plus éloquents de sa foi inébranlable en Dieu. Rédigé entre Djewol et Saint-Louis, il retrace le douloureux itinéraire de son exil vers le Gabon à la fin du XIXe siècle.
C’est au Jardin d’Essai de Saint-Louis que Serigne Touba a achevé ce poème devenu emblématique. Dans cet espace chargé d’histoire, il transforma l’attente et l’épreuve en un acte spirituel majeur. Assirou illustre ainsi sa soumission totale à Dieu et son attachement indéfectible au Prophète Mohammed (PSL), au moment même où l’administration coloniale tentait de réduire son influence.
Avant de quitter la ville, Serigne Touba confia ses poèmes à Serigne Eumeu Ndiaye Mabeye, érudit saint-louisien. Ce geste hautement symbolique assurait la sauvegarde de son héritage spirituel et portait en lui la promesse implicite d’un retour.
Aujourd’hui encore, Assirou résonne bien au-delà du cadre religieux : il s’impose comme un manifeste de résistance pacifique et un pont entre Saint-Louis, ville coloniale de mémoire, et la dimension universelle de la foi et de l’espérance.