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La ville de Podor, est-elle prête à renouer avec la République ? Par Demba BA dit Vieux NDIOUGA

Lundi 27 Février 2017


Située en pleine moyenne vallée, plus précisément  à 222 km à l'est de Saint-Louis du Sénégal, dans la partie Nord-Ouest de l’île amorphil, entre le fleuve Sénégal et le marigot de Doué, Podor est la ville la plus septentrionale du Sénégal. Hormis sa façade fluviale frontalière avec lexeiba, village mauritanien, elle est complétement couvée par la Commune Rurale de Guédé  village. Ce qui fait de Podor une ville qui étouffe, qui a besoin de souffler.


Le périmètre communal de Podor couvre environ une superficie de 2.600 ha  dont les 1.200 ha du Colongal, qui attendent désespérément depuis des années d’être aménagés et exploités. Ainsi donc la partie urbanisée ne représente quasiment que la moitié de cette superficie. La ville est reliée à la route nationale RN2 par une bretelle de 22 Km à partir de Tarédji qui se trouve dans un état cahoteux et dont l’entretien pose problème, puisque étant une route secondaire recensé dans les infrastructures de la Commune de Guédé village.

Naguère cœur du Fouta Toro, la ville de Podor, de par sa position géographique,  a toujours occupé des fonctions économiques, politiques et administratives importantes. Elle avait connu dans son évolution des périodes fastes, marquées par l’implantation d’infrastructures comme le Fort construit en 1744 par le Gouverneur Barthélemy David, reconstruit par le Général Louis Faidherbe en 1854. C’est à Podor qu’était regroupé le 1er régiment des tirailleurs Sénégalais qui ont participé à la pénétration française en Afrique. Lieu de sécurité et d’essor économique, la ville était à la croisée des chemins, dans un important réseau de trafics du bassin du fleuve Sénégal.


C’était un important pôle d’échanges entre la Mauritanie, le Sénégal et le  Mali grâce à un commerce prospère de la gomme arabique, de l’or, des produits artisanaux et manufacturés. L’activité commerciale initiée et entretenue par des maisons de commerce françaises (Maurel &Prom, Devès et Chaumet, Peyrissac, la Compagnie Française de l’Afrique Occidentale), italiennes et libanaises, reposait sur le trafic fluvial à partir du quai de Podor pouvant recevoir des bateaux en toutes saisons.  Cette vocation internationale très tôt assumée, a fait de Podor, une ville cosmopolite où cohabitent toutes les ethnies de la sous-région.


Les populations autochtones se distinguaient par leur productivité aux plans de l’agriculture et de l’artisanat. Autosuffisantes en céréales, elles exportaient d’importantes quantités de mil vers la métropole et les zones de production d’arachide. L’artisanat, s’appuyant sur le génie des différentes ethnies en présence, s’était illustré dans la poterie, les nattes et l’ornement des peaux. Malheureusement, cette situation d’apogée économique devait diminuer d’intensité avec le retrait des colons, la baisse du trafic fluvial et la construction de la route du Diéri vers les années 70.


La loi 64-46 du 17 juin 1964, relative au domaine national, l’implantation de la SAED en 1974 et l’entrée en vigueur de la réforme de l’administration territoriale et locale dans la région du nord en 1981 ont profondément bouleversé le dynamisme du secteur agricole qui faisait vivre plus de 95% de la population. Cette loi sur le domaine national, s’est heurtée à de sérieux blocages liés à la réticence des anciens propriétaires terriens qui n’étaient pas bien informés sur les enjeux futurs et les conséquences en cas de refus. Une erreur d’approche a fait que l’Etat et les partenaires au développement ont eu à rencontrer beaucoup de difficultés dans la réalisation d’aménagements collectifs prévus dans leur programme.


Cette nouvelle politique d’aménagement hydro agricole couplée à la gestion des barrages ne prenait pas en compte la culture irrigué. Encore une erreur dont les dégâts ont brutalement bousculé les habitudes. Les habitants de Podor qui vivaient essentiellement de la culture de décrue, se sont alors confrontés d’année en année à une indisponibilité de terres inondées. La Commune relativement coupée des grands centres urbains de la région, voire du pays à cause de l’abandon du trafic fluvial et de son éloignement par rapport à la route nationale, a perdu son dynamisme au plan commercial et artisanal.

C’est de cette situation politico économique morose que les générations actuelles ont hérité de nos anciens ; mis à part une parenthèse de l’avènement du FED, qui devait relancer durablement les affaires dans la commune avec une enveloppe annoncée de 33 milliards qui devaient être intégralement investis dans le département dont les onze (11) dans la commune de Podor. C’est dommage qu’une gestion catastrophique de cette manne financière, n’aie pratiquement pas profité à la ville, hormis la voirie, la gare routière et l’assainissement.


L’alternance en 2000 avait suscité beaucoup d’espoirs, mais au finish, c’était de la désolation. La ville continuait ainsi à vivre dans ses convulsions, jusqu’aux élections de 2009 qui marquent un tournant décisif dans la vie politique de la commune avec l’arrivée à la tête de la municipalité de Madame le Maire Maitre Aissata Tall SALL et la coalition bénno siggil Sénégal. Ainsi la commune de Podor bascula dans l’opposition. Là aussi le siggil (redressement) a connu un regain d’intérêts avec l’étoffe de Madame le Maire. On s’attendait, à une bousculade des partenaires comme annoncé dans les programmes de campagne, à un engagement citoyen fort autour de l’équipe municipale, enfin à une gestion participative. Mais en vain la montagne aura accouché d’une souris.


Malgré cela la population dans sa large majorité continuait à y croire. Madame le Maire bénéficiait ainsi d’une sympathie de presque l’ensemble des cadres de la ville. Sa détermination dans une opposition farouche contre le régime libéral a fait d’elle une personnalité distinguée sur l’échiquier politique national et international, une vraie grande royale.


En tous cas l’ancien Président de la République Me Abdoulaye WADE l’a appris à ces dépens ; lui, qui voulait s’immiscer dans des élections qui ne le concernaient pas. Son accueil tristement mémorable restera toujours gravé dans les mémoires. Pour exprimer leurs colères, les populations avaient arborés des brassards, foulards, robes,... rouges. On ne voyait que du rouge dans la ville même les chiens les chats et autres animaux domestiques en rouges étaient là, témoins de l’histoire inédite. 


       Dans ce même ordre, le Président Mamadou Racine SY digne fils de Podor en a pris pour son grade pendant les élections locales de 2014. Ancien conseiller municipal de la ville de Saint-Louis, M. SY, ne pouvait pour un coup d’essai réussir un coup de maître. Les citoyens de Podor, ne pouvaient pas avaler la pilule si rapidement. Sinon le pouvoir de l’argent allait supplanter la dignité du foutanké. Ces derniers, ne pouvaient non plus assister de façon passive au sacrifice inavoué et de la façon la plus  éhontée, de notre concitoyenne de surcroit, le Maire, Me Aissata Tall SALL sur l’autel de l’aristocratie, par la broyeuse du Parti Socialiste.

Spontanément un bouclier s’était constitué autour d’elle dont certains de ses plus farouches détracteurs, pour voler à son secours. Car il ne s’agissait plus de,  Aissata intuitu personae, mais de la digne et brave podoroise qu’elle incarnait, face à la furie du dragon vert. Depuis cet instant on assista à sa mise en quarantaine par ce parti PS. De tout cela réuni, nul ne peut dénier à cette brave dame sa hardiesse, sa détermination et son courage politique. Cependant, l’heure est venue pour elle de comprendre que toute chose a une limite.

Et que tout compagnonnage a une fin. C’est pourquoi il faut savoir se séparer en gentlemen. Deux mandats, ça suffit. Point pour elle de prendre une retraite politique, mais son challenge doit être ailleurs qu’à la mairie. Elle aura fait et tout fait avec ses capacités physiques intellectuelles, usant de tous ses moyens matériels pour offrir du bonheur à ses administrés. Le résultat est ce qu’il est ; à chacun son commentaire.


Ses prises de position ont valu à la ville de Podor son isolement, voir son bannissement, son aliénation, sa dégradation ; d’aucuns auraient même avancé des rumeurs concernant la délocalisation de l’aérodrome, du camp militaire, de l’UVS etc. (On pourrait même y ajouter de la déportation des populations ailleurs dans le département. Sic!). Pour montrer simplement que la psychose est là. Qu’à cela ne tiennent, à la place de ces domaines abandonnés, construisez-nous Excellence M. Le Président de la République, une université, un collège universitaire à vocation agro-silvo-pastoral afin de faire de Podor un havre de savoir et une terre de connaissance résolument tourné vers le développement économique et social du Sénégal. L’aménagement de ce fameux Colongal, comme jadis dans l’histoire, contribuerait fortement à l’atteinte de l’autosuffisance en riz.

Aujourd’hui, il convient de changer de paradigme et Podor doit s’inscrire dans une dynamique porteuse. Hanté par ce revers du Président Ablaye WADE, le Président Macky SALL aura beaucoup réfléchi avant de décider de séjourner à Podor. Quelle bonne décision M. le Président ! Rassurez-vous, à la place des brassards rouges, Podor vous déroulera le tapis rouge, les petits plats seront mis dans les grands.

Podor vous montrera son hospitalité légendaire. M. le Président de la République, Podor va vous accueillir avec les tous honneurs. Pour réussir ce pari comme un seul homme et une seule femme unis, les citoyens de Podor, résidents comme ressortissants, émigrés comme immigrants,  doivent venir répondre à l’appel de la République. Citoyens de la mouvance présidentielle comme ceux de l’opposition, doivent signer l’armistice et se donner la main, dans la main pour réserver à son Excellence M. le Président Macky SALL un accueil digne de son rang.

De la réussite de ce challenge dépendra de l’avenir radieux de la ville de Podor. Un Podor chancelant et étincelant, qui brille comme de l’or certifié 24 carats, est au prix de ce sacrifice personnel et d’un don de soi. Podor doit mettre en avant ses avantages comparatifs, procéder à une division du travail entre l’ensemble de ses fils pour mettre l’homme ou la femme, qu’il faut à la place qu’il faut.

 Il faudra enfin montrer à Monsieur le Président de la République Macky SALL, que dans l’adversité, Podor sait se donner à fond (au prix de la mort) ; mais aussi dans l’hospitalité, Podor sait exceller de façon magnifique (au risque de se dépouiller entièrement).

Monsieur le Président de la République ce jour-là, Podor va vous accueillir, Podor va vous admirer, Podor vous écoutera, et Podor vous entendra.

C’est ainsi et seulement ainsi que Podor aura renoué avec la République.

Le Citoyen Demba BA dit Vieux NDIOUGA
En service au Conseil Départemental de Podor