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Barack Obama : la montagne aura-t-elle accouché d’une souris ? Par Abdoulaye Seydi, Doctorant à l’UGB.

Dimanche 6 Novembre 2016

Le second mandat de Barack Obama se décline comme une lune lasse de sa course nocturne.  Bientôt, le nom du premier Président noir de l’histoire des Etats-Unis va se retrouver au Musée symbolique des anciens locataires de la Maison-Blanche dont George Washington est sans doute le patriarche.

            Prenant la place de George Bush, l’un des chefs d’Etat américains les plus controversés et les plus impopulaires à l’échelle nationale et internationale, Barack Obama a suscité l’euphorie et l’espoir auprès de ses congénères : les Africains et les Afro-Américains.

            Certes, Monsieur Obama n’est ni élu par ni pour les Africains, mais ceux-ci ne pouvaient manquer de porter espoir sur un homme dont le père est d’origine africaine.

Sur le plan symbolique, le Président Obama aura remporté la palme d’or. En effet, il aura été le premier Chef d’Etat américain à tenir un discours à Addis-Abeba devant l’Union africaine. En outre, il est le premier Président américain à effectuer au moins quatre voyages en Afrique subsaharienne. A cet égard, les esprits retiendront longtemps sa visite à Accra où il a fait miroiter beaucoup de possibilités aux Africains. Enfin, son discours tenu à l’Université du  Caire retentit encore. C’est dans ce discours où il a appelé à l’apaisement entre les peuples du Proche-Orient et du Moyen-Orient, et qui lui valu le Prix Nobel de la Paix tant contesté en 2009. Par humilité, il confessera, à la réception du prix, que d’autres personnalités le mériteraient plus.

            Sur le plan économique, malgré des efforts ça et là, le bilan du premier Président noir demeure critique. C’est ce qui pousse Abou Bakr Moreau (enseignant d’études américaine à la faculté des Lettres de Dakar) à dire que «  Envers l’Afrique, rien n’a changé sous l’Administration Obama ». Obama aurait fait moins que ses prédécesseurs, car il a réorienté les priorités stratégiques de son pays vers l’Asie.  Sur l’aide au développement, ‘cela peut surprendre certains, mais l’Administration Bush a été nettement plus généreuse’ envers les Africains, renchérit l’enseignant du département d’anglais de l’UCAD.

            Son programme de promotion de la jeunesse africaine à travers le « Young African Leaders Initiative » (YALI) apparaît comme la seule éclaircie dans la grisaille de la politique de Barack Obama envers le continent de son père. Le YALI est une opportunité pour les jeunes africains à découvrir l’Amérique et d’épouser davantage les idéaux de la démocratie et du développement durable.

Si le bilan du Président Obama par rapport aux africains suscite des controverses, les spécialistes semblent d’accord sur les espoirs déçus du premier Président noir des USA par rapport aux Afro-Américains.

Certes, dans sa campagne, Obama ne s’est jamais présenté comme le candidat des Noirs, mais force est de reconnaître que ceux-ci l’ont pris pour leur candidat. Les statistiques démontrent que la plupart des Afro-Américains ont voté pour le candidat Obama. Tous s’attendaient à l’amélioration de leurs conditions de vie sur le plan social et économique.

            Sur le plan sécuritaire, la condition des Afro-Américains n’a pas changé. En effet, les Noirs continuent de subir les bavures de policiers blancs. En février 2012, Trayvon Martin est tué par un Latino-Américain. En juillet 2014, Eric Garner, un Noir âgé de 43 ans, mourut étouffé par des policiers new-yorkais. Il était asthmatique, et c’est sa célèbre phrase « Je ne peux respirer » a suscité l’indignation et la révolte de plusieurs jeunes noirs. La mort de Michael Brown, un Noir de 18 ans, le 09 août 2014, à Ferguson dans le Missouri a exacerbé le sentiment de colère des jeunes noirs et de l’opinion publique américaine. Il s’en est suivi des vagues de manifestations et de protestations de jeunes très remontés contre le silence de l’Administration Obama. A la surprise générale, le Président Obama se contente de faire une déclaration condamnant les manifestants réclamant la justice. Il qualifie leurs «  actes de criminels » (le Monde diplomatique). Obama ne se rendra pas sur les lieux pour calmer la colère des jeunes.

            Sur le plan économique, les indicateurs montrent que les Afro-Américains sont les plus touchés par le chômage. En 2014, 11,4%  Noirs étaient sans emploi contre 5,4% chez les Blancs. En 2012, les chiffres révèlent que les revenus des Blancs étaient de 57 009 contre 33 321 chez les Noirs américains. 

            Sur le plan social, les Noirs n’arrivent pas à s’intégrer carrément. Les études du sociologue Robert J. Sampson révèlent que la stratification raciale à l’échelle des Etats-Unis est profondément stable. Cette situation a creusé davantage le fossé qui sépare Noir et Blanc. Ainsi, la plupart des Américains blancs déclarent n’avoir aucun ami noir, ajoute le sociologue dans le Monde diplomatique. A cela s’ajoute la régression de mixité scolaire selon des études menées à Boston. En 2010, sous Obama, 74% des jeunes noirs fréquentaient des écoles majoritairement noires alors qu’en 1980 il n’y avait que 62% des Noirs qui fréquentaient ce type d’école. Ce sont ces raisons qui font dire à l’historien Pape Ndiaye que «  Sous Obama la situation des Noirs ne s’est pas améliorée ».

            En définitive, le premier Président noir des Etats-Unis aura déçu l’essentiel de ses congénères qu’ils soient africains ou afro-américains. L’Afrique demeure à la périphérie car n’ayant pas encore obtenu un droit de veto au sein de l’ONU ; les Noirs américains se cherchent encore.

Barack Obama quitte la Maison-Blanche en laissant derrière lui un monde sans réelle perspective de paix : la question syrienne, le terrorisme, le spectre d’une Troisième Guerre mondiale plane encore.

Abdoulaye Seydi, Doctorant en Littérature africaine à la Section de Français à l’UGB.
 


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1.Posté par paracétamol le 08/11/2016 15:16
Obama est/était le président de TOUS les Américains/USA, et SEULEMENT de tous les Américains/USA.
(petit, passez votre doctorat)

2.Posté par Moussa SYLLA le 08/11/2016 21:50
Au moment de quitter la Maison Blanche, Barack Obama peut se targuer d'une cote de popularité de 53%, selon le baromêtre quotidien de l'institut Gallup, lundi 7 novembre. Il a réformé le système de santé, remis les Etats-Unis sur les rails de la croissance et de l'emploi en dépit d'une crise financière historique, renoué des relations avec Cuba, signé l'accord de Paris contre le réchauffement climatique... En huit ans, le président américain n'a pas chômé, luttant souvent contre un Congrès dominé par les républicains, bien décidé à torpiller chacun de ses objectifs.

Pourtant, certaines de ses promesses sont restées lettre morte. Selon le site Politifact (en anglais), Barack Obama a mené à bien seulement 45% de son programme. Dans 26% des cas, il a dû se soumettre au compromis. Et parfois renoncer ou se renier : 22% de ses promesses n'ont pas du tout été tenues, tandis que 1% d'entre elles sont au point mort, et 5%, toujours en cours de réalisation. Avec un tel bilan, nourrit-il quelques regrets ? Franceinfo revient sur les espoirs déçus d'un président qui pensait que tout était possible.

Guantanamo : un boulet au pied d'Obama (pour l'instant)

Ce qu'il a promis. L'engagement de Barack Obama était clair : "Fermer le centre de détention de Guantanamo Bay." Lancée à l'initiative de son prédécesseur George W. Bush et motivée par "la guerre contre le terrorisme", cette base américaine installée sur le sol cubain et reconvertie a compté jusqu'à 775 prisonniers, tous suspectés d'activités terroristes ou de soutiens à des groupes terroristes. "C'est devenu un outil de recrutement pour nos ennemis, peut-on lire dans un document de campagne de 2008 (PDF en anglais). Le cadre légal derrière Guantanamo est un échec complet, avec seulement une condamnation."

Ce qu'il a fait. Quand Barack Obama arrive au pouvoir, ils sont encore 242 prisonniers à Guantanamo. Dès son deuxième jour dans le bureau ovale, le 22 janvier 2009, Barack Obama en profite pour prononcer un décret, demandant la fermeture du centre de détention d'ici la fin de l'année, relate le New Yorker (en anglais). En novembre 2016, huit ans plus tard, il est toujours ouvert et accueille encore 76 prisonniers, poursuit le site de l'hebdomadaire. Chaque année, le président a annoncé sa volonté de fermer l'établissement, sans jamais y parvenir.

"Négociations tendues avec des dignitaires étrangers, prises de bec dans la 'Situation Room' de la Maison Blanche et une longue bataille avec le Pentagone [qui abrite le ministère de la Défense]" ont sans cesse repoussé l'échéance, explique le New Yorker. Décidé à vider la prison, à défaut de la fermer – ce qui reviendrait sensiblement au même pour Barack Obama –, le président s'est heurté au Congrès républicain, vivement opposé au transfert des prisonniers sur le sol américain, rappelle Politifact (en anglais). Tout n'est pas terminé pour autant, précise le New Yorker : il pourrait profiter des semaines qui séparent l'élection de son successeur et son investiture en janvier pour prendre d'ultimes mesures en dehors du cadre législatif.

Le contrôle des armes à feu : une ambition entravée par le Congrès

Ce qu'il a promis. Le 14 décembre 2012, un jeune collectionneur d'armes, Adam Lanza, pénètre dans l'école primaire Sandy Hook, à Newtown, une petite ville du Connecticut. Il tue vingt-six personnes : vingt enfants, tous âgés de 6 et 7 ans, et six adultes, avant de retourner l'arme contre lui. Barack Obama, tout juste réélu au moment des faits, évoquera plus tard cette date comme le pire jour de sa présidence. Quelques heures après le drame, il s'adresse aux Américains à la télévision, dans un discours historique pendant lequel il ne parvient pas à retenir ses larmes. "Nous ne pouvons plus tolérer cela, et pour mettre un terme à ces tragédies nous devons changer", lance-t-il.

Ce qu'il a fait. En dépit de l'émotion générale, le Congrès, dominé par les républicains, rejette, à peine quatre mois plus tard, une série de propositions (listées par le New York Times) visant à limiter le port d'armes aux Etats-Unis, via davantage de contrôles et l'interdiction des armes d'assaut. Les années passent, les fusillades se succèdent, avec notamment celles de Charleston, en juin 2015, et d'Orlando, un an plus tard. A chaque fois, le président rappelle sa volonté d'encadrer strictement les ventes d'armes. Pour avoir annoncé en janvier 2016 le renforcement des moyens accordés aux vérifications, le site Politifact (en anglais) estime que la promesse du président est "en cours de réalisation", quand bien même il n'est pas parvenu à faire passer une loi au niveau fédéral.

Le 8 novembre, jour de l'élection présidentielle, les habitants de quatre Etats américains doivent se prononcer sur l'adoption de lois limitant les ventes d'armes. Cette approche, Etat par Etat, permet de contourner le blocage systématique du Congrès, explique le Christian Science Monitor (en anglais), dans l'attente d'une loi fédérale susceptible d'encadrer plus strictement le second amendement de la Constitution, si cher à de nombreux Américains.

La politique étrangère : les limites de la "doctrine Obama"

Ce qu'il a promis. Quand la victoire de Barack Obama est annoncée, ce soir de novembre 2008, le correspondant du Guardian (en anglais) à Chicago se souvient avoir interviewé une jeune femme dans un bar : "Mon homme est en Afghanistan. Il va rentrer à la maison !", se réjouissait-elle. Après les bourbiers irakiens et afghans de l'ère Bush, Barack Obama avait en effet promis de "faire rentrer les 'boys' à la maison". Sa promesse d'alors : désengager les Etats-Unis du Proche et du Moyen-Orient, passer d'"acteur indispensable" à "partenaire indispensable", préférant agir en tant que coalition plutôt qu'en tant que "gendarme du monde", explique à La Croix la politologue Alexandra de Hoop Scheffer, spécialiste des relations transatlantiques.

Ce qu'il a fait. Après les printemps arabes et les bouleversements en Libye et en Syrie, "sa politique étrangère dans la région [a été] un échec complet", tranche David Rothkopf, rédacteur en chef du groupe Foreign Policy, sur Slate. Contraint de renvoyer des troupes en Irak, le président n'a cessé de ralentir le retrait des militaires en Afghanistan : ils seront encore plus de 8 000 déployés jusqu'en 2017. "Géopolitiquement parlant, nos échecs et notre inaction auront poussé les pays de la région à chercher le soutien d'autres grandes puissances", analyse David Rothkopf, relevant que "l'influence américaine [fond] comme neige au soleil."

Dans le dossier syrien, Barack Obama a perdu "sa crédibilité sur la scène internationale", estime le spécialiste des relations internationales, François Heisbourg, président de l’International Institute for Strategic Studies à Londres. Interrogé par Le Temps, il revient sur l'épisode de "la ligne rouge", en 2012. A l'époque, le président américain menace de représailles si le régime syrien fait usage d'armes chimiques sur la population. En août 2013, les forces de Damas franchissent cette limite. Barack Obama hésite, puis renonce à intervenir militairement, conformément à la "doctrine Obama". Résultat : le conflit se militarise à la faveur de la Russie et de l'Iran, deux pays alliés de Bachar Al-Assad. Un échec diplomatique aux conséquences directes : Hillary Clinton, son ancienne secrétaire d'Etat, envisage d'être une présidente plus interventionniste, renouant avec une vision plus traditionnelle de la politique étrangère américaine.

Réconcilier l'Amérique : un échec cuisant

Ce qu'il a promis. Pendant la campagne de 2008, Obama se présente en candidat de l'espoir, mais aussi de la réconciliation. "En raison de mon vécu et des circonstances, j'ai au moins le potentiel pour rassembler des gens qui pourraient être méfiants les uns vis-à-vis des autres, expliquait-il à Politico (en anglais). Ce n'est pas qu'une question de couleur de peau, d'ailleurs. Je viens aussi d'une aile progressiste du parti démocrate, mais j'ai toujours eu d'excellentes relations avec mes collègues les plus conservateurs."

Ce qu'il a fait. Dès l'issue du premier mandat d'Obama, en 2012, Politifact (en anglais) a estimé que sa promesse n'a pas été tenue. Le site relève qu'au contraire, jamais le Congrès n'avait été si polarisé, démocrates d'un côté et républicains de l'autre. Cette division se traduit par un immobilisme record, les uns bloquant systématiquement les projets de loi des autres. Une étude publiée en 2016 par le Pew Research Center (en anglais) montre même que l'antipathie entre sympathisants démocrates et républicains n'avait jamais été aussi élevée en vingt-cinq ans.

Outre le clivage politique, le fossé s'est aussi agrandi entre les communautés. "Son élection a agité une autre fraction de la population blanche, qui reste conservatrice et raciste", analyse Orlando Patterson, professeur en sociologie à l'université d'Harvard et référence sur les questions raciales aux Etats-Unis, interrogé par franceinfo. Un sondage publié en 2015 par le New York Times (en anglais) confirme que les Noirs et les Blancs ont le sentiment que leurs relations se sont détériorées depuis 2009.

Le président américain n'a par ailleurs pas su mettre un terme aux discriminations policières dont les Noirs font l'objet, rapporte encore Politifact (en anglais). Or, "il aurait dû s'occuper bien plus tôt du taux élevé d'incarcération des Noirs", relève Orlando Patterson. "Ce problème englobe tout le système judiciaire, lequel cible beaucoup plus les Noirs, les arrête davantage, les emprisonne plus souvent et les condamne à des peines de prison plus lourdes que les Blancs ayant commis les mêmes infractions." Cette inégalité est brutalement apparue aux Américains dans les villes où de jeunes Noirs ont été abattus par des policiers blancs, ce qui a donné lieu à des émeutes et des manifestations pacifistes au cri de "Black Lives Matter" ("La vie des Noirs compte").

3.Posté par Tintin le 09/11/2016 08:32
Pourquoi toujours mettre en avant le coté "Noir" d'Obama alors qu'il est métisse donc un peu (!) Blanc ....et surtout il est complètement imprégné de la culture Américaine.....

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