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Le Damel Lat Dior Ngoné Latyr DIOP et le Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké: Résistance armée et pacifique du peuple wolof face au colonialisme français.

Dimanche 19 Avril 2015

Au niveau de la société wolof, le Damel Lat Dior Ngoné Latyr DIOP et le Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké ne sont pas des figures historiques opposées, ils appartenaient tous les deux à des familles de l’aristocratie guerrière et maraboutique, qui ont eu à gouverner ensemble pendant des siècles le Cayor et le Baol .
En tant que classe dirigeante de la société wolof de solides liens matrimoniaux, sociaux unissaient ces noblesses d’épée et de turban.

Ces relations furent d’abord politiques, après l’écrasement de la révolté des marabouts du Ndiambour en 1795 le Damel Amary Ngone Ndella Fall avait octroyé a Mame Maharame Mbacké un grand fief dans la contrée de Laa ou il créa le village de Mbacké Cayor .


Elles furent ensuite intellectuelles spirituelles liant leurs ancêtres le Bër Guet Saxéwaar Fatma Diop grand père de Lat Dior Ngoné Latyr Diop et Mame Maharame Mbacké. Ce dernier, père de Balla Aïssa, père de Mame Mor Anta Saly, père de Cheikh Ahmadou Bamba fut durant sept ans un talibé de Matar Ndoumbé Diop au daara de Koki avec comme condisciple le Bër Guet Saxéwaar Fatma Diop qui abandonna le pouvoir pour se consacrer uniquement à la religion.
Très satisfait du séjour de Mame Maharame Mbacké au Daara le Vénére Matar Ndoumbé Diop avait prédit à « Mame Maharame qu’il aura un arrière petit-fils qui sera qutb al zaman dont le nom fera la tour du monde »,
Ces relations furent ensuite renforcées par l’alliance de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacke avec la petite fille du Bër Guet Saxéwaar ,Sokhna Aminata Lô qui est la mère de Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, et de Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké père de l’actuel Khalife général des Mourides Serigne Sidy Mbacké.


Toutes ces alliances matrimoniales montrent qu’ils n y a avait pas d’un côté les thiédos païens et de l’autre cote les marabouts, ils étaient tous de la même classe sociale celle de la caste supérieure des garmi. Actuellement Beaucoup de Mbacke Mbacke descendent des lignées matrilinéaires garmi du Walo du Diolof du Cayor ( Wagadou , Loggar , Tedieck, Dyoss , Guedj ,Mouyoye , Sonio, Guelewa,r Dorobé ) , et Serigne Touba lui même est de meen garmi Gondiokh.
Lat Dior Ngoné Latyr Diop Damel du Cayor avait pour mission essentielle la défense des intérêts de son royaume hérité de ses ancêtres et la primauté de sa lignée maternelle des Guedj . Samba Linguere il était héritier des traditions militaires des armées ceddo wolofs qui depuis leur victoire en 1796 à Bounghoye sur les troupes de l’Almamy Abdou Khadr KANE était la principale force militaire de l’espace sénégambien.


A travers les relations des combats menés (Bataille de Ngol-Ngol : 29 décembre 1863 ;Bataille de Loro : 16 janvier 1864 ; Bataille du Rip : 30 novembre 1865 ;Bataille de Mékhé : 03 juillet 1869 ) contre Lat Dior ce sont ses ennemis , les militaires colonialistes français qui sont les premiers à rendre hommage à la pugnacité et la valeur militaire de ses soldats ainsi qu’ à sa capacité de grand stratège militaire.

Aucun résistant armé en Afrique de l’Ouest n’a infligé des pertes aussi considérables aux troupes coloniales que Lat Dior .Pour rappel le compte rendu des combats par les militaires français.


"Le village de Louga fut traversé sans qu'un seul coup de fusil révélât la présence de l'ennemi, lorsque longeant une haie épaisse, au-delà du village, les tirailleurs furent assaillis à bout portant par un feu si violent, que 80 des leurs furent tués, y compris le capitaine Salmont qui les commandait. La reconnaissance dut battre en retraite et rejoindre le camp, où l'on prit des dispositions pour résister aux attaques que Lat-Dior, enhardi par ce succès, ne manquerait pas de tenter. En effet, aussitôt le jour tombé et pendant une partie de la nuit, les noirs vinrent tirailler contre le camp, mais du reste sans succès.

Le lendemain, à six heures du matin, le lieutenant-colonel Lecamus forma sa troupe en carré autour du convoi et se dirigea sur Louga. Le carré, bientôt entouré par près de 7000 ennemis, continua sa marche tout en faisant feu des quatre faces. Pendant trois heures et demie il résista à toutes les charges des cavaliers de Lat-Dior, aux assauts furieux de ses fantassins qui venaient se faire tuer jusque sur la pointe des baïonnettes. Enfin on atteignit Louga dont on s'empara. Lat-Dior s'enfuit abandonnant plus de 700 cadavres sur le terrain et emmenant un plus grand nombre de blessés. La colonne n'avait eu que 25 hommes mis hors de combat. "

Le Capitaine français Valois, rapporte la funeste bataille de Dékheulé qui eut lieu le 27 octobre 1886." Ils nous livraient un combat acharné. Pendant un quart d'heure on se fusillait de si près que beaucoup d'ennemis eurent leurs vêtements brûlés par la poudre. Lat Dior restait sur le Champ de Bataille avec deux de ses fils et soixante-dix-huit de ses guerriers les plus renommés." (Archives du Sénégal - Fonds A.O.F. I-D-48).


Quel que soit ses errements et « trahisons » politiques rendons hommage au grand capitaine, au grand chef de guerre wolof au grand résistant armé face à la conquête coloniale le Damel Lat Dior Ngoné Latyr DIOP.


Lors des confrontations avec les colonialistes l’armée de Damel Lat Dior Ngoné pouvait mobiliser jusqu’ à 7000 hommes ; rares sont les armées modernes ouest africaines capables actuellement d’aligner dans un théâtre d’opérations des milliers d’hommes.

Avec la mort de Damel Lat Dior Ngoné , et l’exil du Bourba Alboury Ndiaye le guerrier ceddo n’avait plus la prééminence dans la société Wolof . Face au colonialisme triomphant la prédication de Serigne Matar Ndoumbe Diop se vérifia , de ses frêles épaules le qutb al zaman Cheikh Ahmadou Bamba reprit à lui seul le flambeau de la résistance du wolof qui devient pacifique .

Comme le montre ce texte de Paul Marty : « Dans ce Cayor, qui fut le centre de la résistance acharnée de la race Ouolof à notre domination, les indigènes ne se sont convertis à l’islamisme que pour retrouver sur un autre terrain une base de résistance passive (…). [Amadou Bamba] ami et marabout des damels, et aspirant visiblement à leur succession, a été érigé en quelque sorte en représentant du sentiment de l’ancienne indépendance ».
Il en est de même de Merlin, directeur des affaires politiques au Conseil Privé du 5 septembre 1895, quand il affirme dans son du rapport:

"Les agissements de ses talibés [disciples] et le passé même du marabout [Cheikh Ahmadou Bamba] montrent clairement que nous avons affaire en lui à un homme fort intelligent, très avisé, habile à ne pas se compromettre, et dont l'esprit d'hostilité, les projets de conquête, les rêves d'ambition sont certains et poursuivis avec une obstination qui, si elle dénote un esprit de beaucoup supérieur à celui de ses congénères, n'en est que plus dangereuse à notre influence..."


Depuis l’arrestation du gouverneur français Brue en 1701 par Damel Lat Soukabe Fall qui luttait contre le monopole commercial colonial , en passant par la révolte des guerriers wolofs réduits en esclavage aux Amériques ,les combats armées de Linguere Ndate Yalla de Bourba Alboury Ndiaye du Damel Lat Dior Diop , la résistance pacifique de Seigne Touba le peuple wolof n’a cessé de se battre pour son identité.


Au Sénégal au niveau de notre Panthéon plusieurs héros nationaux méconnus méritent d’y entrer.
Thierno Souleymane Baal , Almamy Abdou Khadr Kane ,Amadou Cheikhou Ba, El Hadj Omar Tall ,Sidya Ndate Yalla Diop, Linguere Ndate Yalla Mbodj, Aline Sitoe Diatta ,Mamadou Lamine Drame, Mactar Diop ,Bour Sine Coumba Ndoffene Diouf.


En conclusion Monsieur Tounkara je vous propose comme héros national la figure historique du marabout Diile Fatim Thiam Coumba Diombass qui en 1830 avait envahi le Walo avec pour objectif la création d’un royaume théocratique ou sera aboli le système des castes de la société wolof. Quand au Damel Lat Dior Ngoné Latyr DIOP et le Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké ils sont considérés tous les deux comme des heros nationaux à Darou Khoudos.

AmadOu BakhAw DiAw


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1.Posté par Ndiawar ndiaye le 26/10/2017 12:49
Ce texte semble une réponse à la fameuse proposition d Tounkara. A l'ombre de l'anonymat qu'offre Internet , cette proposition avait fait l"objet de plusieurs interventions brillantes et pertinentes d'internautes qui ont dévoulé une connaissance insoupçonnée de l histoire du SÉnégal et des marabouts de ce pays. DANS LEURS LITTÉRATURES CEUX CI ONT MONTRÉ, (((SAUF POUR CERTAINS QUI ONT FINIS TUÉS ET NON DÉCORÉS)))que leurs véritables ennemis n"étaient pas les colons français, même s'ils ont eu qques malentendus vite réparès par des médailles, mais ceux qu' appelleront par la suite des CEEDOS avec une connotation trés négatives.

2.Posté par Khadim sylla le 16/04/2018 11:39
Ndiawar Ndiaye dire que les marabouts avaient comme ennemis que les ceddo et qu'ils ne combattaient pas les colons à l'exception de ceux qui sont morts est un mensonge. Cheikh Ahmadou Bamba défendait principlament certe le drapeau de l'islam mais également son identité culturelle. Pourquoi à votre avis il a été exilé 2 fois avant d'être mis sous résidence surveillée durant toute sa vie par le colon. Comment peut on collaborer avec quelqun et qu'il te fait subir ces atrocité jusqu'à l'empêcher d'accomplir ses 2 principaux voeux à savoir le pèlerinage à la Mecque et s'installer à Touba. Il faut également vous rappeler qu'il avait refusé le medail des colons lors de son dernier séjour à Dakar. Concernant les ceddo c'est eux qui combattaient les musulmans particulièrement les mourides. Les chef de Cantons ceddo confisquaient leurs biens et parfois même les tabassaient. Comme la si bien expliqué le poète et historien Cheikh Moussa ka dans un de ces poemes dans le quel il relatait un anecdotes entre Le teigne tannor et deux disciples Mourides qui habitaient son contré. Je n'ai pas besoin de vous raconter la célèbre histoire de Bakhane Diop fils de Lat Dior et celle de Makhete.