La France et la Mauritanie ont signé un accord de prêt concessionnel d’un montant de 39,2 millions d’euros, destiné à financer un projet ambitieux de construction de dix centrales solaires équipées d’unités de stockage par batteries.
Paraphée le 25 novembre à Nouakchott, la convention a été signée par Abdallahi Ould Cheikh Sidiya, ministre des Affaires économiques et du Développement, et Nicolas Forissier, ministre français délégué chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité. Elle marque un nouveau pas dans le renforcement de la coopération énergétique entre les deux pays.
Bien que les détails techniques – notamment la puissance totale visée et les sites d’implantation – n’aient pas encore été précisés, ce projet s’inscrit dans la volonté des autorités mauritaniennes de diversifier le mix énergétique et de renforcer l’autonomie du pays en matière d’électricité.
Actuellement, la Mauritanie reste largement dépendante de l’énergie thermique, qui représente 66 % de sa consommation selon la Banque africaine de développement (BAD). Pourtant, le potentiel renouvelable est considérable : un gisement solaire estimé entre 2000 et 2300 kWh/m²/an, et des vents constants de 9 à 11 m/s dans des zones comme Nouadhibou.
Objectif : 70 % d’énergies renouvelables d’ici 2030
Pour exploiter ce potentiel, le gouvernement ambitionne de porter la part des énergies renouvelables à 70 % de la production nationale d’ici 2030, contre environ 44 % en 2023. L’une des étapes clés de cette stratégie a été la signature, en septembre dernier, d’un contrat de 257 millions d’euros avec Iwa Green Energy pour la mise en place d’une centrale hybride solaire-éolienne de 60 MW, accompagnée d’un système de stockage de 370 MWh.
Ce partenariat public-privé, assorti d’un contrat d’achat d’électricité avec la SOMELEC, doit entrer en service en septembre 2026. Il est considéré comme le premier contrat de production indépendant d’électricité du pays.
L’ensemble de ces projets alimente le Pacte national de l’énergie, une feuille de route dévoilée en décembre 2024, qui vise à atteindre un accès universel à l’électricité à l’horizon 2030. L’objectif est d’électrifier 3,4 millions de personnes supplémentaires et de porter le taux d’accès national de 55 % à 100 %.
Inégalités urbain/rural persistantes
Le gouvernement entend également corriger les disparités territoriales. Si l’accès à l’électricité atteint environ 91 % dans les zones urbaines, il reste très limité en milieu rural avec seulement 6 % de couverture. Dans certaines localités, le prix du kilowattheure est jusqu’à cinq fois plus élevé que le tarif social de la SOMELEC pour une disponibilité de seulement 16 heures par jour.
Pour réussir ce pari, les autorités mauritaniennes comptent mobiliser 2,1 milliards d’euros d’ici 2030, dont près de la moitié provenant du secteur privé, en renforçant le cadre réglementaire et en soutenant le développement de solutions décentralisées et de cuisson propre.
MS

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