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Procès en appel de Khalifa: les parties s’accusent mutuellement…

Mardi 5 Juin 2018

Après le renvoi du procès de Khalifa Sall, nous avons interrogé Me Seydou Diagne et Moussa Felix Sow, respectivement avocat de la défense et de la partie civile. Le premier accuse la partie adverse de vouloir faire dans la précipitation, le second rétorque, et lui signifie que c’est plutôt, la défense qui veut jouer avec le temps comme ce fut le cas en premier instance.


Me Seydou Diagne, Khalifa Sall : « On constate que Dame justice est très très pressée et on s’interroge sur les garanties minimales d’un procès équitable. On ne comprend pas pourquoi la justice sénégalaise est aussi pressée d’expédier cette affaire Khalifa Sall alors qu’il y a des millions de Sénégalais qui sont condamnés en première instance, qui doivent être jugés par la Cour d’appel et ces gens-là ne sont pas jugés. La preuve, il  y en a qui font la grève de la faim, il y en aqui sont en détention depuis 5 ans, 6 ans, etc... et ils ne sont pas jugés. Khalifa Sall, ça ne fait pas deux mois. Et on accélère. Pour être plus précis, ce n’est pas quelque chose de rassurant pour nous. Mais quand on entend les déclarations des avocats de l’Etat, on comprend que l’Etat a un calendrier clair, net et précis d’éliminer le maximum de candidats à l’élection présidentielle, en utilisant la justice sénégalaise. Ce que nous n’acceptons pas et que nous dénonçons depuis un moment. 


Pour les avocats de l’Etat qui disent que nous sommes dans le dilatoire, moi je vous ai dit ce que je pense de cette situation. C’est nous qui sommes accusés, c’est nous qui sommes condamnés, c’est nous qui sommes vilipendés, c’est nous qui sommes insultés. Dans notre Constitution, la défense c’est quelque chose de sacré. C’est plus important que beaucoup de choses, même l’élection. La défense des citoyens, c’est beaucoup plus important que beaucoup de choses sur lesquelles les gens mettent l’accent. Donc ce n’est pas quelque chose de drôle pour nous. On est accusé à tort, on est condamné, on fait l’objet de campagne des médias d’Etat abominables. La justice n’est pas équilibrée pour nous. Je vous assure que ce n’est pas quelque chose d’agréable pour nous. C’est pour cela que nous avons de fortes inquiétudes mais comme depuis le début, on va être combatif. On va se battre pour dénoncer des choses pour que tous les citoyens sénégalais soient égaux, d’égale dignité et que ceux qui veulent être candidats à l’élection présidentielle, le soient, c’est tout. 


Le Sénégal a ratifié des instruments juridiques internationaux et c’est dans notre Constitution. Les personnes qui sont accusées en justice doivent disposer du temps nécessaires pour préparer leurs défenses. Même dans la presse, les gens comprennent ce que c’est une défense pénale. C’est quelque chose de très grave. Vous avez une accusation, vous êtes devant une Cour, vous risquez des lourdes condamnations, c’est déshonorant, etc. C’est pour cela que la loi prévoit pour ces personnes-là, des règles particulières. On doit leur laisser le temps. Si on dit ce qu’on n’est pas, on doit nous laisser le temps pour qu’on soit prêt surtout lorsque des millions et des millions de Sénégalais sont encore dans les geôles sans jugement. 


Moussa Felix Sow, avocat de l’Etat: La Cour, elle est souveraine. Elle peut décider de renvoyer une affaire sur demande des parties. Et vous l’aurez constaté ici, le dossier est en état. Le parquet général est prêt et nous en tant que représentant de l’Etat, nous sommes prêts. C’est eux qui disent excipant d’arguments qui, à mon avis, ne résistent pas à la véracité. Ils ont estimé qu’ils ne sont pas prêts et la Cour a dit, on va renvoyer pour vous permettre d’être prêts. Mais ce qui sous-tend tout cela, à mon avis, c’est le fait de vouloir prolonger les débats de telle sorte que, peut-être que la Cour ne puisse pas le juger avant qu’il ne puisse déclarer sa candidature aux présidentielles. C’est ça l’astuce qui est recherchée. Vous verrez au cours du procès, énormément d’exceptions qui seront soulevées pour en tout cas; davantage retarder le procès. Mais j’estime que quand on accuse quelqu’un d’infraction, la moindre des choses, c’est de veiller à ce que cette personne soit lavée de toute accusation. Et donc d’accepter que ce procès ait lieu. En tout nous en tant que partie civile, nous sommes prêts à défendre les intérêts de l’Etat du Sénégal.


Propos recueillis par Kady FATY, leral.net


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