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Saint-Louis by-night : Le blues des discothèques et bar-clubs

Lundi 18 Septembre 2017

Les discothèques, un secteur qui perd son prestige à Saint-Louis. Menacées par la faillite, les boites de nuit jadis en vogue, « Chaumière » et « Laser », ont été fermées. Les autres qui résistent, surpassent de multiples obstacles pour fonctionner. Tenir un dancing dans la ville de Mame Coumba Bang devient ainsi un casse-tête pour certains investisseurs.


Assis sur un tabouret au balcon d’une terrasse, Adama Anne discute avec deux jeunes. Au menu du débat, la préparation d’une soirée dansante à la discothèque le « Mix Club ». Adama est le gérant du bar de la boîte et ses copains l’aident pour trouver des clients européens. En cette soirée, veille du « Magal des deux rakkas » de Saint-Louis, l’affluence est assez timide au « Mix Club ». Les Saint-Louisiens semblent plus préoccupés par les préparatifs de l’évènement religieux qu’autre chose.

Du côté de la « Npa » (Nulle part ailleurs), une autre discothèque sur la même rue, c’est le même décor. Ici, tout est prêt pour le démarrage. Deux jeunes hommes corpulents et bien musclés assurent la surveillance de la porte. Une belle demoiselle derrière le bar et le gérant debout à côté de celle-ci attendent d’éventuels clients. D’habitude, cette boîte démarre ses soirées à partir de 22h pour ne terminer que vers 5 heures. Mais aujourd’hui, il se fait tard et personne n’est encore sur le lieu hormis le personnel. On voit juste quelques jeunes filles déambuler aux alentours sans franchir la porte.

De retour au « Mix Club », on note toujours la même ambiance. Tout est sur place mais aucun client à part les deux jeunes. Le teint clair, la taille moyenne et le visage radieux, Adama profite de notre passage pour faire la promotion de sa boite. « Le "Mix Club" est une discothèque très convoitée par les Saint-Louisiens. On reçoit parfois des clients de Dakar et Louga qui viennent juste pour découvrir notre ambiance. On a aussi des salles Vip pour les clients un peu âgés qui ne veulent pas partager les soirées avec les jeunes », explique-t-il, l’air confiant. Il est aussitôt interrompu par une demoiselle vêtue d’une mini-jupe, une longue perruque de cheveux artificiels sur la tête, une sacoche à la main. « C’est notre nouvelle barmaid. Elle commence aujourd’hui », lance-t-il avant de la rejoindre à l’intérieur.

Vêtu d’un t-shirt vert et une culotte noire, de petits rastas sur la tête, Modou Bèye, l’un des rares clients, explique la raison de sa présence. Il est venu avec son ami pour se détendre. « Je viens souvent au "Mix Club" pour prendre un verre et papoter avec des amis. Parfois aussi, j’accompagne des touristes pour leur montrer les bons coins de la ville comme le "Mix Club". soutient-il. Le "Mix Club" est ouvert il y a deux ans et est très convoité par les jeunes Saint-Louisiens.

Après la fermeture du "Laser", la Saint-Louisienne des jeux à racheter la discothèque pour la rebaptiser "Mix Club". Aujourd’hui, il est avec la « Npa » et l’"Iguane Café" les seules discothèques de la ville. Les autres étant fermées. Saint-Louis ne compte ainsi que trois discothèques. Ce fait s’explique par plusieurs facteurs. Selon certains gérants de boîte de nuit, il semble exister une pression religieuse menaçant la présence des discothèques. En effet, fréquenter ces lieux est vu d'un mauvais œil dans la ville. Certains hésitent pour s’y rendre et même ceux qui le font se cachent et attendent jusque tard la nuit pour y aller. Alors qu’à partir de certaines heures, la police effectue des rafles et embarque parfois des gens qui ont leurs cartes avec eux. Situation que les gérants de boite peinent à comprendre et dénoncent.

Le poids de la culture islamique

Selon Philippe D., propriétaire d’une grande discothèque à Saint-Louis, culturellement, la ville s’est beaucoup métamorphosée et y gérer une discothèque est devenue chose difficile bien que la clientèle existe. Pour lui, cela est surtout dû au fait que la ville à une culture islamique qui influe sur le comportement des habitants. « Il semble avoir une pression religieuse, les gens attendent jusqu’à tard la nuit ou que certains dorment pour sortir en cachette. En plus, à partir de 00h, la police fait le tour des boîtes de nuit pour rafler et parfois même elle prend des gens qui ont leur carte.

La ville se meurt ainsi petit à petit", explique-t-il le visage renfrogné. Il dénonce sévèrement cette situation qui, dit-il, le pousse à enfreindre la loi pour pouvoir exister.

« On viole le règlement pour pouvoir s’en sortir. On prolonge jusqu’à 5 heures comme le 15 août, qui est une date saillante, où nous accueillons beaucoup de clients. Le règlement prévoit la fermeture des discothèques à partir de 2 ou 3 heures. Mais, on nous oblige parfois de fermer à 00 heure. Pour se rattraper, on prolonge l’heure pendant les jours de fête, si on n’est pas inquiété bien sûr, explique-t-il en ajoutant que « les propriétaires de dancing à Saint-Louis survivent mais ne s’enrichissent pas ».

En plus de ces problèmes, il y a la loi sur l’importation de véhicules qui a impacté sur la fréquentation des discothèques à Saint-Louis. Avant cette loi,  beaucoup de personnes quittaient l’Europe pour venir par voie terrestre vendre des voitures d’occasion au Sénégal. Ces voyageurs faisaient de longues escales à Saint-Louis pour leurs business. Ils fréquentaient, durant leur séjour les discothèques et les restaurants-bars pour rencontrer leurs clients. A cette époque, il y avait beaucoup de boîtes et elles fonctionnaient tous les jours. Mais depuis l’adoption de la loi interdisant l’importation des voitures de plus de cinq ans, ces voyageurs sont devenus rares et le chiffre d’affaires des propriétaires de discothèque a drastiquement chuté. Conséquence beaucoup de discothèques sont tombées en faillite et fermées.

Des discothèques mythiques fermées !

« La chaumière », au quartier de Ndar-Toute, est l’une des plus vieilles discothèques de Saint-Louis. Aujourd’hui, le bâtiment abritant ce dancing qui a ouvert depuis l’époque coloniale est complètement pris d’assaut par les eaux. Menacée par l’érosion côtière, la légendaire « Chaumière night-club » perd sa clientèle. Elle a ainsi sombré dans la faillite et a fermé, il y a de 2 ans.

La façade de la boîte de nuit est devenue un grand-place pour les vieux qui s’y retrouvent pour discuter. Comme d’habitude, ce soir, ce sont six vieux hommes qui y débattent. Certains sont assis sur une natte étalée à même le sol, d’autres sur deux longs bancs posés face à face.

« Cette boîte de nuit et l’Hôtel de la Poste ont été ouverts depuis l’époque coloniale. Elle a beaucoup marqué notre jeunesse », se souvient l’un d’eux en pointant du doigt l’ancien siège de « la Chaumière night-club ». Celui-ci subit, à l’instant même, le débordement de violentes vagues de la mer qui ne cesse de s’agiter. « Vous voyez, avec cette menace de la mer, personne ne voulait fréquenter la boîte et rentrer avec des habits mouillés. C’est pourquoi, elle était obligée de fermer », ajoute-il. En plus de « la Chaumière », « le Laser » et la salle de spectacle du Quai des Arts du quartier Nord ont également été fermés...

LE SOLEIL
 


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1.Posté par falbala le 18/09/2017 11:51
Bon courage Patrick !

2.Posté par paracétamol le 18/09/2017 14:28
l'hypocrisie et l'ordre moral règnent.....

3.Posté par Sindoné le 19/09/2017 17:15
Il m'arrive de me demander où est la "ville" ou simplement où est la "vie" dans cette ville qui somnole dans l'ennui et le désarroi. L'ordre des faux Mollahs règne sur Ndar. Et Dieu sait que certains de ces nouveaux convertis ont un passé (pas si lointain d'ailleurs) tellement sulfureux.

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