Deux ans après l’indépendance, proclamée le 20 août 1960, le Sénégal est dirigé par un duo à la fois complémentaire et contrasté. Léopold Sédar Senghor, poète et humaniste, incarne la diplomatie et le consensus, tandis que Mamadou Dia, économiste rigoureux, s’impose comme un homme de principe, attaché à la planification et à la discipline dans la gestion publique.
Ensemble, ils dirigent un jeune État plein d’espoirs, mais traversé par des divergences profondes sur la manière d’assurer son développement.
Le 12 novembre 1962, Mamadou Dia procède à un remaniement du gouvernement sans en informer directement le président de la République.
Ce geste, considéré comme un affront à l’autorité de Senghor, crée un choc politique immédiat. Au sein du Parti de l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS), la tension monte entre les fidèles du président et les partisans de Dia.
Ce dernier, convaincu de défendre la ligne de rigueur et d’indépendance économique du pays, se retrouve rapidement isolé face à un appareil d’État de plus en plus fidèle à Senghor.
En quelques semaines, le désaccord se transforme en crise d’État. Le 17 décembre, Mamadou Dia et quatre de ses ministres sont arrêtés, accusés d’avoir tenté de renverser le président. Leur procès, tenu en mai 1963 à Louga, se solde par une condamnation à la réclusion à perpétuité. Mamadou Dia restera en détention pendant douze ans avant d’être gracié en 1974.
Cet épisode tragique scelle la fin du régime parlementaire et consacre la naissance d’un présidentialisme fort au Sénégal. Léopold Sédar Senghor consolide alors son autorité et devient le seul chef de l’exécutif. Plus de soixante ans après, le 12 novembre 1962 reste dans la mémoire nationale comme la date où les chemins de Senghor et de Dia se sont séparés, ouvrant une nouvelle ère politique pour le pays.
M.S/NDARINFO

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