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Cheikh Bamba Dièye "contre la transition"

Samedi 4 Juin 2011

Cheikh Bamba Dièye a rencontré ses militants de Paris et une partie de la diaspora sénégalaise.En marge de cette manifestation, il s'est confié aux correspondants de la presse sénégalaise à Paris. C'est pour dire qu'il est contre la transition proposée dans le cadre de Bennoo Siggil Senegaal.


Cheikh Bamba Dièye "contre la transition"
Wal Fadjri : On dit de vous que vous manquez d'expérience. N'est-ce pas un handicap ?

Cheikh Bamba Dièye : Ce n'est pas sérieux de parler d'expérience. J'estime que ce qui est important, ce dont on a besoin à la tête de notre pays, c'est de la probité, de la crédibilité. C'est aussi le désintéressement et la disponibilité pour le Sénégal. Et je peux soutenir la contradiction avec toute la classe quant à l'expérience avérée. Et quand on parle d'expérience au Sénégal, ça doit avoir une justification. Pendant les cinquante dernières années, tous ceux qui nous ont dirigés, n'ont réussi qu'à nous enliser davantage dans le sous-développement, la gabegie, la corruption. On n’oublie pas notre histoire. Nous avons été là pour vivre les affres de nos hommes politiques.

Au Sénégal, la classe politique est disqualifiée pour parler d'expérience. C'est sur un autre aspect qu'il faut qu'on se mesure. Mesurons-nous sur la crédibilité des gens, sur leur disponibilité, leur compétence et leur constance. Mesurons-nous sur ce qu'ils ont prouvé, apporté au Sénégal. Personne n'est une inconnue au Sénégal. Alors, il ne faut pas croire qu'on est plus intelligent ou plus futé que les autres. Donnons la liberté aux citoyens d'arbitrer le jeu politique. Eux sont les témoins privilégiés.

Pourquoi ne voulez-vous pas vous mettre derrière les barons de Bennoo Siggil Senegal ?

Aucune formation politique ne peut absorber une autre. Je dis une chose très claire : nous sommes disponible pour le Sénégal. Nous voulons apporter notre contribution à l'avènement d'un Sénégal nouveau avec un nouveau leadership. Nous n'attendons pas que d'autres fassent ce boulot à notre place, sinon nous ne savons pas pourquoi nous existons sur la scène politique. Nous sommes en face d'élections majeures et aucune formation politique ne peut se payer le luxe d'être en rade de ce jeu. Ce jeu consiste à travailler à l'approfondissement de la démocratie, l'unité de l'opposition dans des conditions idoines pour servir les intérêts supérieurs du Sénégal. C'est ça notre direction. Nous n'accepterons jamais une unité de façade, juste pour laisser la place aux autres. S'il faut faire place à quelqu'un, je crois que nous sommes habilités à nous faire la place à nous-mêmes.

Pourtant, vous êtes d'accord sur la candidature de l'unité signée par Bennoo Siggil Senegaal…

Nous sommes d'accord sur la candidature de l'unité, mais nous sommes totalement opposé à une candidature de transition.

Pourquoi ?

Pour une raison simple. Ce n'est pas crédible. Ce n'est même pas une façon de témoigner du respect au peuple. Quand les citoyens se décident pour un mandat bien déterminé, laissons et acceptons que les citoyens puissent décider celui qui va gérer ce pays pour le mandat à venir. En d'autres termes, j'estime qu'il est important, si nous voulons consolider ce pays, d’avoir un candidat élu dans les normes et dans la durée de son mandat. Arrêterons de mettre en place des systèmes de conciliation ou de réconciliation pour concilier deux volontés et une classe politique qui n'est pas prête et doit accepter qu'elle n'est pas prête. On ne doit pas accepter de prendre en otage tout un pays pour une durée que personne ne sait. C'est pourquoi nous restons sur une candidature unique de l'opposition. Au demeurant, si nous n'arrivons pas à le faire, laissons les gens se regrouper dans des groupes où ils se sentiront à l'aise et tous bataillons pour ramener le Pds dans l'opposition. Et unissons-nous de manière irrévocable pour faire en sorte que le candidat de l'opposition qui sortira premier, ait toutes les cartes de l'opposition. On a vu le cas de Djibo Kâ en 2000. Les citoyens sont prêts pour l'alternance.

Que proposez-vous pour la transition ?

Je ne suis pas dans la dynamique de la transition. Moi, je veux que les candidats se déclarent à visage découvert. Que les gens viennent affronter l'œil et la critique des Sénégalais, qu'ils viennent proposer quelque chose. Nous avons un cadrage macro, ce sont les Assises nationales. Nous savons que, dans ce cadrage-là, chacun peut avoir sa particularité. Ceux qui peuvent se réunir ensemble. Mais pourquoi bon Dieu, bon sang, voudrait-on ramener les gens dans une camisole de force que seuls ceux qui détiennent les liens, savent quand est-ce qu'ils vont les délier.

Vous dites que la candidature de transition est faite pour concilier deux volontés. A qui faites-vous allusion ?

Vous savez que nous sommes des hommes politiques et à chaque fois que nous butons sur un problème, nous essayons de savoir comment le contourner. Et Benno a un gros problème. C'est que nous avons quatre grands candidats et personne ne sait comment les concilier. Alors, parmi les choix possibles, la candidature unique est, semble-t-il, une forme de panacée pour réconcilier des gens des ‘irréconciliables’. C'est pourquoi je dis de laisser les Sénégalais se déterminer librement et de façon autonome. Faisons-leur confiance comme on leur a fait confiance en 2009. En 2009, ils ont voté résolument contre le régime en place sur les dérives. Ils ont voté absolument contre Abdoulaye Wade pour lui donner un signal, pour lui dire qu'ils ne sont pas des moutons de Panurge et qu'on ne peut pas les tirer dans n'importe quelle direction.

Ce message est aussi valable pour l'opposition. Ce n'est pas par notre propre volonté que nous sommes arrivés à la tête des collectivités locales. Mais c'est par la volonté des citoyens que nous y sommes arrivés. Pourquoi, Bon Dieu, refusons-nous de leur laisser ce choix-là ? Laissons-les se déterminer. Laissons les partis politiques faire leur travail. Nous sommes dans l'opposition, mais nous sommes quand même des concurrents. Si les partis politiques refusent de réfléchir, s'ils vont dans une sorte d'unaninisme ou d'uniformité qui n'est que de façade, nous proclamons la mort de la démocratie.

N'est-ce pas justement la volonté des populations qui vous ont élu à la tête des collectivités locales, qui vous pousse à une candidature de l'unité ?


Ce que vous appelez unité, n'en était pas en une en 2009. En 2009, ce que nous avons fait, c'est que nous étions tous contre le régime d'Abdoulaye Wade. Et nous avons laissé les entités de Benno s'arranger localement. Ce n'était pas l'unité partout dans Benno en 2009. Dans certaines localités, des partis sont partis seuls (aux élections, Ndlr). Dans d'autres, Benno s'est consolidé. Et c'est comme ça que les gens ont travaillé. Et c’est après, que tous ceux qui sont dans l'opposition se sont retrouvés dans les conseils municipaux à travailler ensemble. Restons dans cette dynamique. (…). Quand Bamba Dièye se mouille avec ceux avec qui il est, que Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse, Macky Sall en fassent autant, il n'y a aucune place pour la mouvance présidentielle. C'est cela qui nous fera gagner. Et c'est cela qui nous permettra de régler la question de la préséance et chacun aura apporté effectivement son effort dans l'œuvre de construction nationale et globale pour l'avènement d'un Sénégal nouveau.

Je pense qu'en demandant à chaque parti de mouiller le maillot, on a énormément de chance d'y arriver. Au demeurant, si nous avons un candidat unique, on lui demandera peut-être à lui seul d'apporter la caution, on lui demandera peut-être que ses militants se mouillent. Et on se mettra derrière pour critiquer. Alors que si je met les billes du Fs/Bj dedans, que Macky Sall fasse de même et un autre également, on va être présent. (…).

Doit-on comprendre que vous êtes pour la pluralité des candidatures dans Benno ?

Je suis pour la pluralité des candidatures dans Benno. Mais si nous arrivons à un candidat qui n'est pas la résultante des arrangements, des positionnements, je suis d’accord. Au cas où nous n'arriverons pas à cela, je suis pour une solution simple. C'est que chacun s'engage et travaille. Si nous disons que nous aimons notre pays, que nous sommes pour l'unité nationale, que nous voulons réhabiliter le travail, il ne faut pas qu'on se cache derrière le rideau, il ne faut pas que certains avancent alors que d'autres sont en train de se reposer. Il faut que chacun mouille le maillot. Et les Sénégalais décideront qui sera premier et l'on se rangera derrière lui.

Vous avez tantôt parlé de quatre grandes candidatures au sein de Benno. Quelles sont-elles ?

Il y a Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Macky Sall et Cheikh Bamba Dièye. Qui d'autres encore ? Je ne sais pas. Peut-être Landing Savané ou un autre. Tous, nous les connaissons. (…). Laissons les gens se regrouper par affinité. On fera l'économie d'un débat inutile, d'invectives inutiles, d'opposition inutile, de jeu inutile. Et ceux qui travailleront plus que les autres, qui mériteront plus que les autres de la part des Sénégalais, passeront devant et ceux qui viendront derrière, n'auront d'autres choix que de s'aligner. C'est comme ça que fonctionne une démocratie.

Quelle est la date limite pour connaître le candidat de l'unité ?

Je croyais que vous alliez me poser la question de savoir ma limite à moi parce que j'ai une limite au-delà de laquelle je ne vais pas me laisser enfermer dans cette logique. Vous me laisserez garder ce secret pendant quelques mois encore. On verra si cela attendra quelque mois. Mais il y a une dynamique et je ne voudrai absolument pas apparaître comme quelqu'un qui empêchera la machine de tourner. Laissons les choses en l'état et regardons-les évoluer en étant très positif. Si nous y arrivons, c'est tant mieux. Si nous n'y arrivons pas, nous le constaterons. Nous n'aurons plus le choix que de faire comme en 2000.

Etes-vous optimiste par rapport à cette dynamique que vous évoquez ?

Je suis toujours très optimiste. Ce n'est pas seulement pour cette dynamique. Je suis optimiste pour mon pays et pour l'engagement des citoyens de ce pays. C'est la raison pour laquelle je pense que c'est normal que des partis politiques discutent, échangent, ou que certains veuillent que leur perception passe. C'est aussi de la démocratie. Il arrivera un jour où l’on va s'arrêter, tirer les conclusions et avancer.

A Sangalkam, il y a eu mort d'homme à l'occasion d'une manifestation organisée contre l'installation de la délégation spéciale. Quel est votre sentiment ?

C'est un sentiment non seulement de frustration, mais aussi d'une grande inquiétude que j'avais déjà exprimée trois ou quatre jours avant cet événement malheureux. Je crois que la démocratie a ceci de fondamental qu'elle permet au peuple de décider à confier sa destinée à un parti ou à un individu dans la société. C’est un élément fondamental qui structure la paix sociale et ouvre des perspectives pour le développement. Il y a fort à craindre lorsque nous arrivons dans une société où des individus décident par-dessus la volonté du citoyen de s'arroger des droits et des pouvoirs qui ne leur reviennent pas. Si la conséquence est la mort d'homme ou que des gendarmes en arrivent à tirer des balles dans la tête des citoyens, je trouve que c'est regrettable et lamentable. Quelque part aussi, j'y vois personnellement un manque de préparation. Parce que, dans des situations de crise, quand on envoie des forces de l'ordre, à l'époque je pense qu'elles amenaient juste des lacrymogènes. Et cela suffisait. Quand il y avait impossibilité à réguler, elles se repliaient pour revenir en force.

Mais le fond du problème, c'est qu’on ne peut pas se substituer à l'expression du suffrage universel. C'est une dérive grave et une menace absolue sur la cohésion sociale et la paix dans notre pays.

Vous avez parlé de la Casamance. Quelle solution pour vous ?

Il faut être froid sur la situation casamançaise. Dès l'instant où des citoyens en sont arrivés à prendre des armes ou, pour aller à Dakar, ils disent qu'ils vont aller au Sénégal, cela veut dire que l'Etat a failli. Et ce n'est pas seulement Abdoulaye Wade, mais aussi le Parti socialiste qui a gouverné ce pays des indépendances à 2000. Lorsqu'il a fallu s'occuper de ce pays, on a laissé la Casamance en rade. Il faut injectif des capitaux massifs en Casamance. Je propose encore, comme je l'avais fait en 2007, 500 milliards pour reconfigurer la Casamance, pour permettre aux citoyens de cette région naturelle de se sentir dans le dispositif national. La nation, c'est d'abord le partage d'un destin commun et le partage des deniers de la République. Si, quelque part, certains sentent que ça arrive à flot et que d'autres ne voient rien, ça pose problème.(…).

Wal Fadjri


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