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La parole de Diomaye attendue sur les contrats gaziers/Petroliers

Samedi 30 Mars 2024

Sa victoire surprise fait entrer le secteur dans l'inconnu. Si les majors craignent pour leurs investissements, le nouveau chef de l'Etat devra concilier réformes et réalités économiques. Une équation délicate à résoudre pour son gouvernement


2024 s’annonce comme une année charnière pour le Sénégal. Après l’élection surprise, dès le premier tour, de l’opposant Bassirou Diomaye Faye à la présidence, le pays d’Afrique de l’Ouest s’apprête à devenir un producteur d’hydrocarbures. Comme le rapporte le journal Le Monde, l’exploitation de Sangomar (pétrole et gaz offshore), opérée par l’australien Woodside, doit démarrer en juin, suivi quelques mois plus tard par le mégachamp de Grand Tortue Ahmeyim, dit « GTA » (gaz offshore), exploité par le britannique BP. Dix ans après la découverte de ces gisements, l’industrie pétrolière naissante est censée booster la croissance, attendue à 8 % dès cette année (contre 5 % sur la dernière décennie), soit l’une des plus fortes du continent.

Cependant, le nouveau président élu, dont les promesses de rupture avec le pouvoir sortant ont remporté 54% des voix dès le premier tour, a fait de la renégociation des contrats pétroliers l’un de ses principaux chevaux de bataille. Comme l’a souligné à maintes reprises son mentor Ousmane Sonko, leader du Pastef (parti dissous en 2023), ces contrats seraient une « spoliation » des Sénégalais.

De quoi créer le trouble au sein du secteur, qui a déjà investi des milliards de dollars. Interrogée par Le Monde, une porte-parole de Woodside souligne que l’entreprise « respecte le droit des gouvernements à déterminer le cadre légal et réglementaire qui régit le développement du pétrole et du gaz », tout en insistant sur « l'inviolabilité des contrats et un cadre sûr pour les investissements. »

Selon une source du secteur pétrolier s'exprimant anonymement, « ce n’est pas du tout la panique ». Bachir Dramé, expert pétrolier et ancien communiquant de Petrosen, la compagnie publique sénégalaise, confirme un certain « attentisme » au Monde. Il juge qu'il sera difficile de renégocier les contrats de Sangomar et du champ partagé de Grand Tortue Ahmeyim, déjà en cours d'exploitation. Des discussions pourraient en revanche s'ouvrir pour d'autres blocs.

Plusieurs analystes cités par Le Monde notaient déjà un certain adoucissement du discours de M. Faye et du Pastef avant le scrutin, notamment sur la question du franc CFA. La réaction positive des marchés après la victoire de l'opposant témoigne aussi d'un certain soulagement quant à la perspective d'un pouvoir « plus pragmatique une fois aux affaires », selon Tochi Eni-Kalu, analyste pour l'Afrique de l'Ouest chez Eurasia Group.

Reste à voir les réformes que mettront en place concrètement le nouveau chef de l'Etat sénégalais. Ses projets de réforme fiscale, de lutte contre la corruption, de développement de la production locale risquent de demander du temps pour aboutir. Comme le note l'économiste Eni-Kalu cité par le quotidien français, la composition du futur gouvernement donnera déjà le ton des réformes à venir dans le secteur pétrolier et gazier.