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MAMADOU NDONGO DIME (SOCIOLOGUE, ENSEIGNANT A UGB SAINT-LOUIS) «près de 400 cas de divorce sont prononcés par les tribunaux par mois»

Mardi 20 Mai 2014

MAMADOU NDONGO DIME (SOCIOLOGUE, ENSEIGNANT A UGB SAINT-LOUIS) «près de 400 cas de divorce sont prononcés par les tribunaux par mois»
Les divorces sont nombreux au Sénégal. Quelle analyse en faites-vous ?
Les statistiques semblent démontrer une explosion du divorce au Sénégal. En moyenne, à Dakar, par exemple, près de 400 cas de divorce sont prononcés par les tribunaux par mois. Ceci ne tient pas compte de la répudiation qui est l’autre forme de divorce. Il convient de souligner que les divorces sont de plus en plus «judiciarisés» par rapport au passé.

Pour bien comprendre ce phénomène, il est important de souligner le caractère incontournable du mariage au Sénégal. Dans l’imaginaire populaire, le mariage est la consécration pour toute femme, comme le mettent en exergue les chansons populaires et les maximes des différentes ethnies. Le divorce, parce qu’il fragilise cette solide institution sociale qu’est le mariage, est souvent plus amplifié…

Quelles en sont les causes les plus fréquentes ?
Les chocs économiques vécus par les Sénégalais : précarité socio-économique chez les jeunes générations, chômage, incertitude quant à l’avenir, bref ce que le discours populaire résume par l’expression de »manque d’argent », contribuent à une fragilisation des unions, à une redéfinition des statuts et rôles des hommes et des femmes.

Le rôle de l’homme pourvoyeur de revenus et de la femme maîtresse du foyer est totalement remis en question par les évolutions sociales et économiques. La femme, surtout celle jeune, professionnelle et scolarisée, revendique plus d’autonomie et une redéfinition des relations de couple dans le sens de plus d’égalité, alors que les hommes, même scolarisés, sont restés prisonniers de schèmes de référence plus conservateurs quant au rôle de l’épouse et à ses relations d’avec la belle-famille, par exemple.

De plus, la valeur qui contribuait à solidifier les couples dans le passé et qui faisait en sorte que les personnes mariées arrivaient à supporter stoïquement et souvent en se faisant violence est beaucoup remise en question aujourd’hui par les jeunes générations. Il s’agit en l’occurrence du «mougne» (patience) qui faisait qu’on arrivait à accepter sans broncher les humiliations, l’adversité et à faire don de soi dans le mariage.

En quoi la polygamie est-elle source de divorce ?
Elle se retrouve parmi les causes des divorces faits selon la forme judiciaire. L’arrivée d’une co-épouse est invoquée comme motif de séparation ou bien les tensions générées par celle-ci dans l’espace conjugal fragilisent davantage l’union ou bien accélèrent le processus de séparation. Elle est certes prépondérante, mais pas l’unique cause. (Mais) il convient de privilégier une lecture éclatée qui fait ressortir les contrastes et l’hétérogénéité des trajectoires matrimoniales se soldant par un divorce. Les motifs invoqués sont pluriels. Par exemple, dans les cas de divorce prononcés par les tribunaux, l’un des motifs les plus récurrents est le défaut d’entretien par le mari.

Ce qui met en lumière la persistance d’une conception traditionnelle des rôles sociaux de sexe, malgré les évolutions en cours, notamment du côté des femmes. Ce défaut d’entretien ne revêt pas la même connotation selon les catégories sociales. Il est clair que la précarité socio-économique, les incertitudes économiques et l’ampleur du chômage chez les jeunes, bref les multiples chocs encaissés par la société sénégalaise mettent à rude épreuve les institutions sociales. Le mariage n’y échappe pas, puisque la famille n’est pas une enclave préservée des turbulences affectant la société dans son ensemble…
Enquête





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