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Saint-Louis en danger

Vendredi 20 Septembre 2013

Saint-Louis en danger

« On ne peut dominer la nature qu’en lui obéissant », disait le philosophe Bacon. Malheureusement de nos jours l’homme détruit plus qu’il ne respecte la nature. L’exemple de Saint- Louis est aujourd’hui un des cas les plus criards du gâchis de la nature.

Quel est le Saint-Louisien qui ne se souvient pas du fameux Bou el Magdad (?), fendant avec majesté les eaux calmes du fleuve pour venir déposer sur les berges, ses tonnes de marchandises exotiques après des mois d’absence. Attendaient alors fiévreusement sur la rive marchands et badauds, qui pour faire des affaires, qui pour trouver quelques choses à chaparder, sans compter les mômes aux teints noirs biens prononcés qui rivalisaient de souplesse, d’ardeur et de courage en nageant tout autour du bateau, comme s’ils voulaient l’escorter jusqu’au quai.

L’enfant de Saint-Louis n’aura pas la chance de vivre ce spectacle puisque ce qui se passe à Saint-Louis dépasse l’entendement et l’on n’enregistre aucune réaction des populations, encore moins des environnementalistes ou des autorités tout court.

Saint-Louis qui est un des plus beaux plans d’eau urbain de l’Afrique subsaharienne risque de perdre ce que la nature lui a donné et malheureusement par le non respect de son développement durable.

Le désastre que Saint-Louis vit et qu’il vivra encore longtemps si l’on y prend garde c’est l’agression de ses cours d’eau par l’homme et de surcroit par des structures étrangères qui nous donnent toujours l’impression de voler à notre secours avec leurs travaux ou chantiers dont la finalité est de créer un mieux-être pour les populations. Il suffit juste de prendre quelques exemples.

Il s’agit :

du creusement de la "brèche,"

des travaux du pont Faidherbe,

des travaux du pont Masseck Ndiaye de la langue de Barbarie.

I – La brèche

Il ya de cela une dizaine d’années, alors que la ville était submergée par les eaux du fleuve, le gouvernement de l’époque pour soulager les populations avait demandé à des experts marocains la possibilité de juguler cet envahissement des eaux fluviales. C’est ainsi qu’ils ont demandé après avoir survolé en hélicoptère la ville, de creuser une brèche qui relie la mer et le fleuve Sénégal : solution opportuniste mais simpliste parce que n’ayant fait l’objet d’aucune étude d’impact.

Les conséquences engendrées sont entre autres :

la brèche qui ne cesse de s’élargir : De 4m elle a atteint les 2km, et menace les habitations et exploitations aux alentours ;

le village traditionnel de Doune Baba Dièye qui n’existait que par la pêche est en train de disparaitre. Elle est abandonnée par plus de 80% de sa population. Il en serait de même dans un court terme pour la langue de Barbarie étranglée par la brèche ;

de nombreuses pertes de vies humaines : en moins de dix ans plusieurs pêcheurs Guet Ndariens y ont péri ; le nombre avoisine 150 ;

la ponte des tortues de mer qui se faisaient sur cette plage est perturbée. Il en est de même pour la biodiversité.

II – Travaux du pont Faidherbe

Si nous saluons l’effort des gouvernements français et sénégalais pour la réhabilitation de ce joyau qui a redonné à Saint-Louis son lustre d’antan, cependant, force est de reconnaitre que les conséquences de ces grands travaux nous laissent perplexes voire inquiets par rapport à l’hydraulicité du fleuve Sénégal.

En effet, pendant les travaux, l’entreprise a remblayé par des milliers de mètres cubes de sable les flancs du pont pour accéder à l’ouvrage et réaliser la substitution des arches par de nouvelles et le renforcement des culées.

Ce qui n’était pas la seule technique d’exécution, car il en existe d’autres qui auraient eu moins d’impact sur le cours du fleuve.
Ce remblai constitue un véritable frein à l’écoulement et au débit du fleuve Sénégal dont le lit est réduit de plus de sa moitié.

La situation est d’autant plus grave quand :

la crue du fleuve peut atteindre 2000m³/s au lieu de 150m³/s en période de décrue. Toute la quantité d’eau provenant du Fouta Djallon et de Manantali passe après le barrage de Diama sous le pont Faidherbe qui a perdu sa capacité d’écoulement. Etant entendu que le barrage de Diama n’est pas un barrage de retenue mais anti-sel qui au risque d’être déstabilisé lâche son surplus d’eau vers l’embouchure, nous comprenons aisément que la déstructuration du lit fleuve par le remblai va créer des inondations en amont du pont.

A y réfléchir de près, ces eaux du fleuve qui vont vers la mer, auraient pu alimenter les bas fonds du Gandiole ; ce qui aurait permis d’avoir des réserves d’eaux pour la culture maraichère et le cheptel et en même temps une autre zone humide.

L’autorité doit demander sans délai à l’Entreprise comme convenu dans ses cahiers de charge de laisser l’endroit tel qu’il a été trouvé avant les travaux : c’est une question de salut public.
Le rétrécissement de la voie de passage augmente inéluctablement le débit sous le pont avec des ravinements qui peuvent menacer sa stabilité.

L’OMVS va bientôt réaliser dans son programme la navigation sur le fleuve Sénégal de Saint-Louis à Ambidédy (Mali). Cette navigation est déjà compromise par les seuils de sable dans le fleuve et les méandres qui ont compliqué et augmenté le tracé. Si à cela vient s’ajouter le remblai sous le pont qui va avoir un impact en amont, il y’a de quoi s’inquiéter. D’autant plus qu’un port fluviomaritime est prévu en aval du pont pour le transport des minerais le long du fleuve au Mali vers Kayes (mines de fer) au Sénégal (phosphates de Matam) en passant par la RIM (phosphates de Bofel). Cette situation posera, si elle n’est pas rectifiée de gros problèmes de navigabilité et d’accostage.

III- Travaux du pont Masseck Ndiaye

Ce pont a été réhabilité dans notre tendre jeunesse pendant la colonisation il y’a de cela plus d’une cinquantaine d’années. L’Entreprise française qui faisait les travaux était équipée de barge sur laquelle était monté un marteau pilon qui enfonçait et battait des colonnes de béton armé qui ont constitué les piliers du pont.

Aujourd’hui, comme pour les travaux du pont Faidherbe, on utilise le même système de remblai aux conséquences dangereuses à cette période de crue. Les méfaits de cette technique de remblai, nous l’avons assez décrié dans le précédent chapitre relatif au pont Faidherbe. Elles seront les mêmes sous ce pont avec l’augmentation des débits du fleuve qui risquent de créer une inondation en amont côté langue de Barbarie. Mieux si ce remblai continue en période de décrue, Guet-Ndar risque de perdre son petit bras de fleuve qui faisait son charme et dont l’utilité n’est plus à démontrer (pêche, navigation, plaisance, marina traditionnelle, etc.).

Pour rappel, nous avons toujours demandé qu’il y ait un organe central au dessus de tous les projets de développement du Sénégal et qui soit logé à la Présidence ou à la primature.

Son rôle serait :

de juger de la pertinence des projets et de leur adéquation aux orientations de développement du gouvernement,


d’apprécier leur bon déroulement,


de mesurer leur impact sur le développement durable, la création d’emplois et la valeur ajoutée.


Par ailleurs, il faut que nous arrêtions d’apprécier les projets en terme de réalisation, mais de développement. Un philosophe disait : «Plus le péril s’accroît, plus doit s’accroître ce qui en sauve.»

Babacar NDIAYE, GEAUR



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1.Posté par rahne le 20/09/2013 20:44 | Alerter
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Enfin le probléme du fleuve en amont comme rn aval,est à mon avis un probléme de dragage pour réguler le débit ;et sur ce plan je pense que les sociétés impliquées dans la navigabilité du fleuve doivent sinspirer de ce qui se passe ailleurs(le monde ne se limite pas au SENEGAL).Des villes qui ont des plans deau comme saint-louis existent,il suffit que LOMVS qui doit gérer le volet de navigation sy mette en envoyant leurs experts dans des pays du NORD de LEUROPE pour élucider les problémes dexcés deau que le barrage de DIAMA ne peut pas contenir

2.Posté par nafissatou le 21/09/2013 18:54 (depuis mobile) | Alerter
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Bonne analyse voila une personne qui pense au moins a sa
ville

3.Posté par moumar gueye le 22/09/2013 09:41 | Alerter
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Toutes mes félicitations Babacar! Tu as bien analysé la situation de l'écosystème Saint-louisien. J'espère que les détenteurs du pouvoir public vont prendre des mesures pour inverser la tendance catastrophique! Nafissatou tu as raison mais je voudrais te dire que beaucoup de doomu ndar s'interessent à la ville mais dès qu'ils écrivent ou donnent leur avis sur ce qui se passe dans la ville on s'empresse de les traiter de politiciens encagoulés ce qui est totalement FAUX. Merci Babacar et que Dieu te garde.

4.Posté par rahne le 23/09/2013 08:09 | Alerter
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Pour ce qui est de la bréche,on ne sait pas jusquici ,ce qui a poussé ABDOULAYE WADE a la faire faire par les MAROCAINS,parce quil connaissait bien les risques en faisant cette bréche.IL 'avait bien dit à la DELEGATION SAINTLOUISIENNE conduite par ABDOULAYE DIAW CHIMERE PRESIDENT DU COLLECTIF DES SAINT LOUISIENS kil craignait de détruire l'équilibre de la LANGUE DE BARBARIE.IL a dit à la délégation quil navait pas encore rencontré un expert étranger ou sénégalais capable d'élucider le probléme de la LANGUE DE BARBARIE

5.Posté par silou le 23/09/2013 08:16 | Alerter
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Momar il ne faut pas se décourager,il faut continuer à écrire;tous les saintlouisiens qui aiment leur ville vous encouragent.Partout il ya des empécheurs de tourner;mais continue YALLAH DANALA FAYE

6.Posté par VINCENT Hélène le 23/09/2013 16:23 | Alerter
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Très bonne analyse! je partage
Protégeons N'Dar URGENT !

7.Posté par Nicolas le 30/09/2013 06:43 | Alerter
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Il n'y a pas eu de "restauration" du Pont Faidherbe, pour le plus grand malheur du patrimoine Saint Louisien! Le pont a été entièrement remplacé par la société française Eifage, inculte et vorace. Et ce en contradiction avec les deux principes de l'Unesco sur lesquels repose toute inscription au patrimoine mondial : intégrité et authenticité. Il n'y a aucune intégrité puisque pas une seule partie métallique n'est originale et il n'y a pas d'authenticité puisque la "reproduction" du pont est infidèle (voir la largeur des montant métallique et leur rivetage ou encore la rambarde chromée). Dans beaucoup d'autres pays où la colonisation a laissé ce type d'ouvrage (par exemple à Hué au Vietnam) , le respect patrimonial est beaucoup mieux assuré. On pourrait continuer avec les colorations abusives mais tolérées des immeubles de l'Ile, la disparition du patrimoine de l'après guerre (défiguration définitive du Printania place Faidherbe et démolition des immeubles jumeaux -pourtant à peine réhabilités!- de la rive de Sor qui laisseront place à un tribunal qui n'a rien à voir avec fleuve. A quand la mise en place d'un urbanisme de contrôle compétent et efficient ? A moins que Saint Louis n' ait décidé d'abandonner sa nature de ville historique et culturelle (au profit de quoi ???).

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