Bamako, 23 décembre 2025, 09h00 (Ndarinfo.com) – Les chefs des juntes militaires du Mali, du Niger et du Burkina Faso ont entamé lundi à Bamako une rencontre cruciale de 48 heures dans le cadre de l'Alliance des États du Sahel (AES). Le général Abdourahamane Tiani du Niger et le capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso ont été accueillis à l'aéroport par leur homologue malien, le général Assimi Goïta, pour ce sommet qui place la sécurité au cœur des discussions entre les trois pays sahéliens ayant rompu avec la CEDEAO.
"La défense et la sécurité seront les principaux sujets à l'ordre du jour de la rencontre", insiste une source officielle malienne. Cette réunion intervient dans un contexte sécuritaire dégradé au Sahel, où les groupes jihadistes multiplient les attaques malgré le départ des forces françaises et la mise en place de nouvelles stratégies militaires par les juntes au pouvoir.
La Force unifiée de l'AES au centre des échanges
À Bamako, les trois dirigeants doivent rencontrer le commandement de la Force unifiée de l'AES, structure militaire conjointe à peine symboliquement installée. Cette force, composée de militaires des trois pays, est chargée de lutter contre l'insécurité et les groupes jihadistes dans l'espace AES, qui couvre une vaste zone du Sahel central.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont définitivement tourné le dos au G5 Sahel, cette organisation régionale créée pour coordonner la lutte contre le terrorisme avec la Mauritanie et le Tchad. Les trois pays ont également quitté la CEDEAO en 2024, préférant renforcer leur coopération au sein de l'AES, une alliance perçue comme plus conforme à leurs aspirations souverainistes.
Télévision de l'AES et banque d'investissement
Au-delà des questions sécuritaires, les chefs d'État doivent entériner la signature, par leurs ministres des Affaires étrangères, d'un protocole instituant la Télévision de l'AES, dont le siège sera basé à Bamako. Cette nouvelle chaîne panafricaine vise à offrir une alternative médiatique aux trois pays membres de l'alliance.
Les discussions porteront également sur le projet de création d'une banque commune d'investissement, régulièrement évoqué lors des précédents sommets de l'AES. Cette institution financière commune devrait faciliter les échanges économiques entre les trois nations et financer des projets de développement conjoints.
La crise béninoise à l'ordre du jour
La tentative de coup d'État du 7 décembre à Cotonou devrait aussi être abordée lors de ce sommet. Le Burkina Faso et le Niger partageant une frontière avec le Bénin, "il est tout à fait normal qu'il y ait un échange d'informations sur le sujet", confie un interlocuteur nigérien.
Cette question pourrait raviver les tensions entre l'AES et la CEDEAO, le Bénin étant un membre actif de l'organisation ouest-africaine dont les trois pays sahéliens se sont retirés. Les relations entre les deux blocs restent tendues, notamment sur les questions de libre circulation et d'échanges économiques dans la sous-région.
Ce sommet de Bamako confirme la volonté des trois juntes de consolider leur alliance face à ce qu'elles perçoivent comme une ingérence étrangère et un isolement régional orchestré par la CEDEAO et ses partenaires occidentaux.
MS



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