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Marie Madeleine Diallo parle de Jacob Yacouba: «Avec mon mari, pour le meilleur et le pire»

Dimanche 16 Octobre 2011

Marie Madeleine Diallo parle de Jacob Yacouba: «Avec mon mari, pour le meilleur et le pire»
«J’ai vécu sa maladie comme toute épouse normale dont le mari n’est pas une célébrité. Vous décidez de vous unir pour le meilleur et pour le pire et quels que soient les obstacles», confie Marie Madeleine Diallo. Toutefois, pour l’artiste-comédienne, l’inactivité de son mari est un dommage pour ce qu’il représentait. «Il faisait bénéficier au public dakarois, aux collectionneurs et tous ceux qui l’appréciaient d’expositions de haute facture, c’est dommage», ajoute-t-elle. Toujours dans ses confidences, l’ex-agent de la Rts révèle avoir écourté sa carrière en arrêtant à 55 ans pour s’occuper de son mari, alors qu’elle avait la possibilité de continuer jusqu’à 60 ans et d’être nommée directrice de la station régionale de Saint-Louis

La maladie de son mari n’a pas manqué de bouleverser l’environnement familial. Marie Madeleine reconnaît en effet que le train de vie du couple a subi un sacré coup. «Le train de vie n’est plus le même, il vendait des tableaux à 1 ou 2 millions et il n’avait plus la possibilité de le faire. Quand quelqu’un n’est plus en activité, son train de vie en pâti», affirme-t-elle. Dans la même foulée Marie Madeleine dément formellement avoir été quitté par Jacob Yacouba pour une autre femme. Sur cette question, elle est catégorique. «Ce n’est pas vrai», répond-t-elle énergiquement, avant d’ajouter : «Il y a des gens qui disent même que nous avons divorcé, mais c’est faux ! En bon pulaar il ne voulait pas vivre sous le même toit que ma mère, c’est pourquoi il a préféré vivre à la Somone pendant que je m’occupais d’elle. Après son décès, il est revenu à Saint-Louis.»

L’avenir du couple, Marie Madeleine l’envisage avec beaucoup d’espoir. Pour conclure, elle nous confie très optimiste : «Il a commencé à peindre à nouveau et bientôt vous le reverrez.» Ibrahima Condé, ami du couple : «Pensant qu’il allait mourir, certains se sont jetés comme des charognards sur ses œuvres» «Je connais le couple Yacouba autant qu’un être humain puisse en connaître un autre. Je peux prétendre les connaître parce que cela fait 43 ans que nous cheminons ensemble.

Leur histoire est connue de tout Saint-Louis, depuis le début. Jacob était employé dans la famille de Madeleine, il était un excellent guitariste. Madeleine n’était pas là, elle était à Dakar. A son retour elle a trouvé Jacob et ce fut le coup de foudre, malgré l’opposition de tout le monde, la famille, les amis et même les rivaux. On a lutté contre tous les deux par tous les moyens mais ils sont restés ensemble. Ils se sont refugiés dans la privation matérielle certes, mais leur force était leur amour. Pendant cette période ils avaient des problèmes avec la famille et même avec toute la ville. Mais ils ont fini par se marier», raconte Ibrahima Condé, le plus fidèle ami de la famille Yacouba. Assistant de Jacob Yacouba pendant plusieurs années M. Condé qualifie la carrière de ce dernier de carrière en dents de scie.

Il soutient en effet qu’on ne peut pas parler d’heures de gloire s’agissant de Jacob Yacouba. «Je l’ai connu dans des moments difficiles, beaucoup plus difficiles qu’actuellement où il est tombé malade. Il y a eu des moments où tous les feux de l’actualité étaient braqués sur lui. Au début, il avait commencé par vendre des tableaux devant La Poste, c’est Madeleine même qui se chargeait de la vente des tableaux en général. Adepte de l’école de Dakar il avait fait quelques cartons pour les manufactures de Thiès. Ces œuvres ont finalement intéressé plusieurs chefs d’Etat dont Léopold Sédar Senghor et François Mitterrand qui ont demandé à avoir des exemplaires.

C’était donc l’un des rares à qui on achetait les cartons très chers. Par la suite ils sont allés en France où Jacob a fréquenté les Beaux arts de Reims. Quand il est revenu, il a changé de technique, il a commencé à utiliser la technique du Sépia, différente de ce qu’on faisait à l’école de Dakar. A partir de ce moment ce fut la montée en puissance, il était devenu l’un des artistes-peintres les plus chers du Sénégal. Quand on partait en exposition, les gens achetaient tout et en redemandaient, on parvenait à vendre tout avant de rentrer à Saint-Louis.

On avait alors commencé à le combattre d’abord dans le milieu de la peinture et même parmi ses propres amis. Les gens on raconté du n’importe quoi sur lui. Un jour nous étions en exposition lorsqu’on nous a amené un grand journal de la place dans les colonnes duquel on avait écrit que Jacob et Marie avaient divorcé. C’est nous-mêmes qui avions appelé Madeleine pour l’en informer. On a tenté de le démolir, mais il a fait face. Quand il était au plus fort de sa maladie, certains se sont jetés comme des charognards sur ses œuvres pour les acheter pensant qu’il allait mourir», confie Condé. Par ailleurs sur un autre sujet, il se veut formel : le couple n’a jamais divorcé.

Quant aux amis de Yacouba qui l’ont quitté, Ibrahima Condé s’est posé la question de savoir s’ils étaient vraiment ses amis. «Vous savez, Jacob étaient populiste et il donnait à gauche et à droite et les gens gravitaient autour de lui par intérêt, donc c’est normal qu’ils soient partis quand il n’était plus actif», révèle-t-il, non sans manquer d’avertir les plus sceptiques : «Jacob va mieux et reviendra bientôt sur la scène artistique.»

Sudonline.sn


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1.Posté par Ousmane sow HUCHARD le 06/01/2014 15:30
HOMMAGE A MON AMI JACOB YAKOUBA, MUSICIEN ET GRAND PEINTRE SENEGALAIS
(décédé ce samedi 4 janvier 2014 à St Louis)
En guise d’hommage à mon ami JACOB YAKOUBA, musicien et grand peintre sénégalais, je voudrais partager avec tous nos compatriotes, le souvenir impérissable de l’exposition de ses œuvres récentes que j’ai eu le grand plaisir de présenter du 12 décembre au 11 janvier 1987 au Musée Dynamique de Dakar.

Chaque fois que nous rencontrons Jacob chez lui, au milieu de sa famille, dans on atelier à St Louis, nous commençons toujours par échanger autour de quelques notes de guitare, de sa guitare toujours accordée et qui n’est jamais très loin de son chevalet. Pour lui, comme l’avait déjà signalé le poète, critique d’art et essayiste français Charles-Pierre Baudelaire (1821-1867) : « Les sons et les couleurs se répondent ».

Pour nous présenter l’artiste, qui de mieux que sa compagne de tous les instants ; celle qui a partagé et partage encore sa vie pour le meilleur et pour le pire. Marie-Madeleine Walfroy Diallo, femme de radio et comédienne de talent bien connue de tous les sénégalais et particulièrement à St Louis du Sénégal où elle vit avec son Jacob bien aimé :

« Jacob Yakouba a commencé à peindre à l’âge de 7 ans. Cette précocité est liée au corps à corps intense qu’il a eu très jeune avec la nature (la brousse comme il dit) et aux relations de parfaite communion qu’il a entretenue avec ses parents, sa mère particulièrement. Cette enfance heureuse est comme le tremplin de toute sa peinture. En même temps qu’il griffonnait ses premiers dessins sur les murs des rus de sa ville natale de Tambacounda (Sud – Est du Sénégal), Jacob Yakouba cherchait une autre voie d’expression artistique dans la musique, le théâtre, la décoration. Cet itinéraire multiple se confondra ensuite dans sa peinture. Et cette peinture est bien celle de Jacob Yakouba. Elle s’est conçue et réalisée en dehors des grandes écoles sacralisées ou de mouvements plus ou moins ossifiés. Jacob Yakouba a peint d’abord par spontanéité, mais il a ensuite découvert la nécessité d’exercer une maîtrise « technologique » sur le support par lequel il s’exprime. La toile, les couleurs et le pinceau, et tout ce qui entre dans l’exécution d’un tableau. C’est ce qui explique son bref passage aux Beaux-arts de Reims.

On peut être frappé par la présence en permanence d’un visage de femme (ou d’une allusion à la femme). Dans ses tableaux c’est peut-être le désir d’éternité de l’artiste qui se faufile ainsi dans toutes ses créations ; cette présence laisse entrevoir la femme élément de continuité. On sent que le peintre exprime ses sensations, livrant souvent des thèmes de vie quotidienne par le biais d’un intense réalisme qui, pour lui est synonyme de vérité. Les corps sont modelés avec une extraordinaire sûreté de main et semblant coupés dans du bronze. Sa peinture est rigoureusement construite et possède un parfait équilibre. Le dessin, aime-t-il répéter, est la forme la plus achevée de l’Art.

Sa mère a été le personnage central de son enfance. La nature son premier lieu de recueillement, de découverte et de reconnaissance du monde. Il a ainsi comme une sorte de spirale dans l’œuvre de Jacob Yakouba, le même se profile sous d’autres aspects. La mère, la nature, la femme : trois symboles d’un bonheur auquel il donne pour nom, l’Amour. Jacob Yakouba nostalgique ? Non ! Seulement fidèle à une histoire (son histoire) mais non pas enchaîné à des traditions. Le combat de l’homme noir ? Bien sûr mais dans une perspective autre que la stérile affirmation d’une appartenance raciale que l’évidence plus que tout autre modalité se charge de montrer. En réalité Jacob Yakouba a une démarche : celle de vouloir changer sans prétention aucune, quelque chose dans la peinture africaine moderne, pour la sauver d’une fixation trop raide à laquelle sa jeunesse et sa vigueur doivent lui permettre d’échapper. C’est cela qui explique que Jacob Yakouba soit si difficile à classer. Il tourne le dos au naïf et son trait ne cadre pas avec l’Ecole de Dakar. Aux dernières nouvelles (puisqu’il faut bien le situer quelque part) Jacob Yakouba est classé dans la technique de Sépia. Ordre qu’il dérange avec une sereine désinvolture puisqu’il n’en avait jamais entendu parler auparavant. En fait Jacob Yakouba est peintre solitaire pas de la solitude du peintre ermite, mais de la solitude de celui qui se fraie un chemin nouveau dans cet univers de la peinture où pourtant les ornières sont larges ; Il reflète son temps c’est son rôle. Il prône l’amour, la Justice est l’un de ses maîtres – mots. Il prend le risque de demeurer lui-même. Là est sa noblesse ».

Voilà ce que nous a confié Marie Madeleine Walfroy Diallo dans un texte que nous lui avions demandé pour servir d’introduction à la présentation de l’exposition de son artiste d’époux ; et voici ce qu’elle nous a dit en guise de conclusion :

« Jacob Yakouba est un père adorable, d’une sensualité très profonde, un père très agréable pour ses deux enfants Pitchou et Magui qu’il affectionne beaucoup. Chez Jacob Yakouba, par contre, on remarque une personnalité pleine d’originalité, d’autorité tout à fait en désaccord avec le style de son temps. Jacob Yakouba a non seulement du génie, mais il est aussi un genre omniprésent dans ma vie de tous les jours. Je l’adore ».

Que la terre de NDAR lui soit légère.
Courage et affection à ses enfants et son épouse Marie Madeleine Walfroy DIALLO.

Ousmane sow HUCHARD, Ph. D.
Anthropologue, muséologue, musicologue et critique d’art
Ancien Conservateur en Chef du Musée Dynamique de Dakar

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