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De Saint-Louis à Podor, une croisière à l'ancienne sur le fleuve Sénégal

Samedi 13 Février 2016

Par son histoire, sa culture et son art de vivre, Saint-Louis du Sénégal reste une destination privilégiée... Mais au-delà, malgré l'actualité dramatique au Sahel, les voyagistes ont appris à s'adapter : la croisière de Saint-Louis à Podor, sur le fleuve Sénégal, en est un bel exemple.


Le « Bou El Mogdad » remontant le fleuve Sénégal. (Crédits : www.compagniedufleuve.com)
Le « Bou El Mogdad » remontant le fleuve Sénégal. (Crédits : www.compagniedufleuve.com)
En Afrique de l'Ouest, à la suite des récents attentats de Bamako et de Ouagadougou, où les cibles des djihadistes étaient de grands hôtels fréquentés par les Occidentaux, tous les voyagistes ont dû s'adapter : suspendre des destinations trop risquées au Sahel, prendre des mesures d'urgence pour sauver les circuits qui pouvaient l'être et faire face aux nouvelles menaces.
« Le Sahel est désormais un terme beaucoup trop connoté et pratiquement synonyme de djihadistes ou de terrorisme, c'est pourquoi nous allons sans doute changer de nom et nous recentrer sur notre destination première : le Sénégal ». Grand connaisseur de l'Afrique, où il a beaucoup bourlingué, Olivier Théry est engagé avec quelques associés depuis plusieurs années dans l'aventure de « Sahel Découverte », une agence de voyages basée à Saint-Louis du Sénégal, et qui pourrait donc être bientôt rebaptisée « Sénégal explore ».
Reste que Sénégal, où la sécurité a été renforcée dans tous les grands hôtels de Dakar - comme le King Fahd Palace (ex-Méridien) à la Pointe des Almadies, le Radisson Blu ou encore le Terrou Bi, sur la corniche -, espère bien être épargné par les « fous d'Allah ». Musulman à 95 %, le Sénégal pratique plutôt un islam tolérant et ouvert, contrôlé de par les puissantes confréries Tidjane et Mourides. Et les autorités du pays n'ont pas hésité à mettre récemment sous contrôle les mosquées et imams aux prêches trop radicaux. Pour que le Sénégal reste le « pays de la teranga », son hospitalité (en wolof) légendaire.
Le tourisme, deuxième source de devises du pays
Bien desservi - notamment par la compagnie Corsair qui pratique sur Dakar des prix toujours attractifs -, le Sénégal veut sauvegarder le tourisme qui constitue sa deuxième source de devises après la pêche. Une manne précieuse pour la réussite du PSE (Plan Sénégal émergent) mis en place par le président Macky Sall. Depuis le 1er mai 2015, les visas ont d'ailleurs été supprimés pour entrer au Sénégal, et le tourisme est enfin reparti à la hausse. Avec pour objectif d'atteindre 2 millions de touristes d'ici à 2018. Voyagistes et tours opérateurs multiplient donc les offres.
Native du Sénégal, Aminata Konté, qui est à Paris directrice-adjointe du département Afrique/Iles de Nomade-Aventure, spécialiste des voyages solidaires et des voyages « en immersion » totale au sein des populations locales, reconnaît devoir s'adapter en permanence à l'actualité et à la réalité du terrain.
« Plus question, par exemple, de déambuler à mobylette ou à vélo en pays senoufo [décrété « zone rouge » par le Quai d'Orsay depuis novembre dernier] qui, au Burkina Faso, constituait pourtant une exclusivité et notre premier produit en Afrique de l'Ouest... Au Sénégal, nous conservons en revanche treize circuits différents, dont trois qui peuvent se faire en famille, et des voyages sur mesure, à la demande, aussi bien en Casamance que dans le nord ».
En remontant le fleuve... sur le « Bou El Mogdad »
Saint-Louis, qui a gardé le charme colonial des années 1950, reste une destination encore privilégiée et protégée. La ville renaît avec joie tous les ans à l'occasion du Festival international du Jazz, qui attire les plus grands compositeurs. Sa prochaine édition se déroulera du 11 au 16 mai. « Saint-Louis, c'est aussi un village où l'on vit à un autre rythme », confie Ablaye Cissoko, l'enfant du pays qui vient de sortir un nouveau CD de kora intitulé « Jardins secrets ».
« Nous faisons le maximum pour restaurer et nettoyer la ville de Saint-Louis et, malgré l'actualité régionale plutôt sombre, défendre cette destination, fidéliser et satisfaire notre clientèle », souligne Mme Muriel Bancal, consul de France honoraire et directrice très accueillante de La Résidence. À deux pas de son hôtel parfaitement restauré dans le style colonial, est amarré sur le quai - non loin du pont Faidherbe dont l'une des travées a dû pivoter pour le laisser passer - l'un des joyaux de Saint-Louis : le « Bou El Mogdad », exploité par La Compagnie du Fleuve, dont Olivier Théry est l'un des associés;
Chaque semaine, ce beau bateau blanc remonte jusqu'à Podor le fleuve Sénégal - faisant office de frontière avec la Mauritanie - comme on remonte le temps pour une croisière des plus originales.
Construit en Hollande en 1950 pour les Messageries du Sénégal, le « Bou » est un bateau mythique qui - pour 70 passagers maximum - emploie un équipage d'une vingtaine de membres aux ordres du capitaine Goudiaby. Une superbe croisière à l'ancienne, avec une escale inoubliable qui permet notamment d'admirer au plus près les milliers d'oiseaux (pélicans, cormorans, aigrettes, hérons ou flamants roses) du Djoudj, deuxième réserve ornithologique du monde par sa richesse et sa variété, et sans équivalent en Afrique.
Pour assurer la sécurité de cette croisière et aller « au bout du Bou » - selon l'expression du capitaine - les mesures nécessaires ont bien évidemment été, là encore, prises depuis de longues semaines. Avec un impératif évident et compréhensible pour qu'elles soient pleinement efficaces : la plus grande discrétion.

En savoir plus : www.compagniedufleuve.com
et www.saheldecouverte.com